Honoré Puil a défendu les orientations du PRG lors de la séance budgétaire du Conseil municipal, qui se tenait le samedi 13 mars.
Permettez-moi, tout d’abord, de remercier notre collègue François André pour la présentation qu’il vient de nous faire et qui est, comme à chaque fois, claire et pédagogique. Mes remerciements, et ceux des élus du groupe Radical de Gauche, vont aussi aux services municipaux, dont nous connaissons et reconnaissons l’expertise et le savoir faire.
Notre séance budgétaire est un moment essentiel de la vie municipale. Elle n’a pas simplement comme but d’examiner des chiffres, de se pencher sur la fiscalité, nos dépenses de fonctionnement ou d’investissements. Mais elle nous permet et nous oblige à resituer notre action dans un contexte national et global, et à lui donner du sens.
Nous ne sommes pas là par hasard. Les Rennais nous ont désignés au printemps 2008 et nous ont demandé de mettre en œuvre le contrat que nous leur proposions : faire de Rennes une ville à vivre, une ville pour tous, une ville de tous les savoirs.
Et ils nous ont choisis, aussi, parce que nous avons bâti ce contrat sur des convictions de gauche, républicaines, progressistes, écologistes et solidaires. Nos valeurs sont notre boussole pour préparer Rennes à affronter l’avenir. Et à affronter le présent aussi.
Quel est en effet l’état de la société française en 2010 ? Notre société est fracturée, fatiguée, en miettes, atomisée. Les élus Radicaux de gauche ont lu avec beaucoup d’intérêt le rapport – sorti il y a quelques semaines – du médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye.
« Le constat n’est pas neuf, notre société est fracturée, mais jamais cette réalité n’a été aussi aigüe ». Ces propos alarmants figurent en tête de ce rapport et Jean-Paul Delevoye poursuit : « Finalement, notre système dans son ensemble se fragilise d’année en année. L’époque où le vivre ensemble se fondait sur l’existence de règles communes, sur des autorités de proximité les faisant respecter, et sur des citoyens qui les connaissaient et y adhéraient semble révolue. Les espérances collectives ont cédé la place aux inquiétudes collectives et aux émotions médiatiques (…) Notre société en quête de sens se révèle aujourd’hui plus usée psychologiquement que physiquement. L’individualisme met en exergue l’individu et le valorise dans ses réussites. Il l’isole dans ses échecs et développe alors parfois le mépris de soi qui engendre le mépris des autres ».
Cette société usée est en grande partie malade de la mauvaise croissance que nous avons connue depuis une trentaine d’années : mondialisation non maîtrisée et non régulée, précarisation, déclassement, concurrence et compétitivité instituées comme normes dans tous les domaines, dévalorisation du secteur non-marchand.
L’engagement citoyen et bénévole connaît une crise sans précédent, renforcée ou causée par l’individualisme qui imprègne de plus en plus notre société.
Devant cette situation, renaît la tentation du communautarisme : repli au sein de sa tribu, de son quartier, de son village, de sa communauté religieuse, et cela parfois au détriment du “vivre ensemble”. Le sinistre débat sur l’identité nationale accentue dans bien des cas ces phénomènes, en montant les Français les uns contre les autres, alors que la responsabilité d’un président de la République serait de faire en sorte que nous “fassions société ensemble”.
D’où l’ardente nécessité, pour nos villes et nos territoires, de déployer des politiques publiques permettant d’allier cohésion sociale et développement économique. La devise “Rennes, vivre en intelligence” balaye dans notre ville un grand nombre de champs de notre action, à l’échelle communale ou métropolitaine : éducation, logement, transports, culture, santé, développement économique, rayonnement.
Sans vouloir faire un inventaire à la Prévert, il me semble important d’évoquer ici un certain nombre de politiques qui consolident à Rennes le pacte républicain.
L’éducation, tout d’abord. Nous consacrons ainsi près de 10 millions d’euros aux écoles publiques (et je ne parle là que de fonctionnement). Ces crédits sont complétés par l’action menée au bénéfice du milieu associatif, et dans les quartiers. En investissements, nous nous félicitons que 3 630 000 euros seront en outre consacrés en 2010 à des travaux de rénovation de nos groupes scolaires.
Les élus Radicaux souhaitent également saluer la politique de proximité, avec plus de 8 millions d’euros consacrés au soutien au secteur culturel, à travers les associations, équipements et grands événements, et plus de 3 millions d’euros de soutien au secteur sportif.
Toutefois, les élus Radicaux de Gauche s’interrogent sur le montant des crédits accordés aux écoles privées – plus de 2 millions d’euros – qui correspondent à la convention conclue en 2007 entre la Ville et l’ARDOGEC. Nous nous étions alors abstenus, car nous constatons que cet engagement va au-delà de ce qui est requis par la loi aux communes. Pour les Radicaux de Gauche, l’argent public doit en effet bénéficier en premier lieu à l’école publique.
La séance budgétaire est également l’occasion de faire un bilan d’étape, et de se projeter dans l’avenir. Quelles étaient nos propositions, en 2008 ? Que sont-elles devenues ? Comment ont-elles été traduites dans les faits ?
Le Parti Radical de Gauche avait lancé l’idée, en 2008, d’une charte de la vie nocturne, dans le but de traiter spécifiquement les problèmes soulevés par la coexistence parfois difficile de certains publics, la nuit, dans le centre-ville. Cette charte est signée, et notre Conseil en a débattu il y a quelques mois.
Regardons maintenant ce qui est en train d’être fait : l’implantation d’un centre de congrès au couvent des Jacobins, la mise en place d’un code de la rue – et je voudrais féliciter notre collègue Pascale Loget pour son action déterminante – ainsi que la politique mise en œuvre en direction du centre ancien. Ces projets relèvent d’un temps qui les fera aboutir à la fin du mandat.
A côté de ça, nous avons lancé un grand nombre de propositions qui peinent à trouver leur place dans nos politiques publiques : la création de pépinières d’artistes (alors même que ce besoin est de plus en plus criant à Rennes), la construction d’immeubles de grande hauteur et de bâtiments à énergie positive, l’ouverture des écoles en dehors des horaires de cours pour en faire de véritables maisons de citoyenneté, l’intensification des liens entre les écoles et les milieux socio-économiques (dans le respect, bien entendu, du principe de laïcité) ainsi que la mise en place d’un plan de développement de l’entreprenariat, l’enfouissement des réseaux (qui prend trop de temps selon nous) et la colorisation des façades.
Enfin, nous nous étions prononcés en 2008 pour l’augmentation du budget consacré à l’aide au développement. Nous savons que le contexte budgétaire est tendu, mais il s’agit là d’une obligation morale et éthique de la part d’un pays riche comme le nôtre !
Pour ce budget 2010, nous retiendrons deux éléments.
1°) Le maintien d’un haut niveau d’investissement
J’entendais l’autre jour Laurent Wauquiez, ministre UMP, qui tentait de faire croire sur un plateau de télévision que la gauche ne savait qu’augmenter les dépenses de fonctionnement, et oubliait les investissements, négligeant donc l’avenir.
Les élus Radicaux de Gauche constatent que la Ville de Rennes maintient, dans son budget 2010, un haut niveau d’investissement. De nombreux projets structurants seront menés en 2010 : pensons à la piscine des Gayeulles, à l’ESC des Champs Manceaux, à la requalification du centre ancien, à l’opération Setubal (exemplaire et novatrice au niveau de l’ingénierie du changement urbain), ou aux travaux d’économie d’énergie.
2°) L’augmentation de la fiscalité de 4,5 %
Nous avions dit, lors de la discussion des orientations budgétaires en janvier, que nous devions rester attentifs à la pression fiscale qui s’exerce sur les classes moyennes. Car les impôts levés au niveau local sont des impôts injustes, et ce n’est pas la suppression de la TP qui va arranger la situation. L’arrivée, dans les boites aux lettres, des avis de taxe d’habitation à l’automne dernier, a suscité des interrogations.
Il ne suffit pas d’affirmer que l’impôt a des vertus redistributrices – ou de déclarer que l’augmentation de la fiscalité locale est causée par l’impéritie du gouvernement – pour balayer ces interrogations.
Les Radicaux de gauche pensent, plus que jamais, que l’heure est venue pour une grande réforme fiscale, et pour la création d’un grand impôt universel et progressif.
En conclusion, nous voterons naturellement ce budget. Au delà des éléments que j’ai eu l’occasion de mentionner, j’ajoute que Rennes est une ville bien gérée, et que nos ratios bénéficient d’une comparaison avantageuse avec la moyenne nationale ; notre collègue François André l’a justement démontré. Preuve, s’il en est, que la gauche – surtout quand elle est unie – sait gérer des villes et des territoires !