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Rennes, pionnière du bail réel solidaire, pour accéder à la propriété là où s’envole l’immobilier (Ouest France)

À Rennes (Ille-et-Vilaine), cinq premiers foyers qui n’en avaient pas les moyens viennent pourtant d’acheter leur maison, grâce à un bail réel solidaire. Les logements ont été livrés ce mardi 23 novembre 2021. Un outil déployé par la métropole rennaise, qui inspire d’autres agglomérations touchées par la flambée des prix de l’immobilier.

Jennifer Coatsalion et Kevin Rouxel vont devenir voisins… et propriétaires, dans le quartier Moulin-du-Comte, à Rennes. | OUEST-FRANCE

« On rêvait d’acheter mais on pensait que ce ne serait jamais possible dans Rennes, vu les prix. » Le rêve de Kevin Rouxel, 39 ans, sa compagne et leurs deux enfants vient pourtant de se réaliser : dans quelques jours, ils emménageront dans un pavillon mitoyen de 115 m², dans le nord-ouest de la ville, à deux pas du Stade Rennais. « Avec quatre chambres et une terrasse » pour… 234 000 €.

Deux fois moins que les prix du marché

Soit un prix au mètre carré «moyen de 2 055 €, environ 40 à 50 % de moins que le prix du marché », résume Honoré Puil, vice-président de Rennes Métropole en charge du logement. Ce mardi 23 novembre 2021, les cinq premiers logements rennais profitant de ce bail réel solidaire (BRS) ont été livrés à leurs propriétaires. Une parade lancée par la métropole rennaise face à la flambée de l’immobilier, qui exclut de plus en plus de foyers à revenus moyens de l’accession à la propriété.

La recette de ce dispositif innovant ? Le fait de « dissocier le sol, acquis par l’Office foncier solidaire (OFS) de Rennes métropole, et le bâti, acheté par une personne qui entre dans les critères d’accession sociale à la propriété », résume Honoré Puil, également président de cet organisme créé en 2018. En contrepartie, le propriétaire du logement loue le terrain à l’OFS pour un coût symbolique : 0,15 € par m².

Encadrer les prix de revente

Le bail réel solidaire permet aussi de lutter contre la spéculation, en encadrant les prix de revente : « L’OFS restant propriétaire du foncier, le logement ne peut être revendu au prix du marché. Ce qui permet à un autre accédant à la propriété qui entre dans les critères, de racheter le logement aux mêmes conditions. » Et à l’argent public de bénéficier successivement à plusieurs foyers.

Les cinq logements en bail reel solidaire comportent une belle terrasse. | OUEST-FRANCE

Dans la métropole rennaise, 14 appartements en BRS ont été livrés à Bruz cet été, auxquels s’ajoutent ces cinq premiers logements rennais. Ce qui n’est qu’un début… « Près de 400 autres sont en cours de réalisation et 700 sont déjà agréés », confirme Honoré Puil. Qui rappelle que l’objectif de 3 000 logements dans la métropole rennaise d’ici 10 ans, « devrait être dépassé. » Pour ce faire, la métropole rennaise investit près de 5 millions d’euros chaque année dans sa politique d’accession sociale à la propriété.

Face au succès du dispositif lancé à Rennes en 2018 et dans quelques autres villes dont Lille, « plusieurs dizaines d’offices fonciers solidaires sont en train de se créer à l’échelle nationale ». Paris a lancé le sien en 2020. Rennes, elle, voit déjà plus loin : « Demain, les offices fonciers pourront aussi produire des logements à tarif intermédiaire, entre ces 2 055 € et le tarif libre. » Pour continuer à « tricoter la mixité sociale » et surtout, freiner l’accès à la propriété en ville aux seuls plus aisés.

« Laisser quelque chose à nos enfants »

Julie et Jennifer Coatsalion n’en reviennent toujours pas : ces deux auxiliaires de vie à domicile qui vivent en HLM vont devenir propriétaires. « À un moment, on va finir de payer, et laisser quelque chose à nos trois enfants ». Cette maison de ville de 120 m², « c’est parfait pour nous. On espérait acheter mais on ne voulait pas partir de Rennes. » Un rêve réalisé, grâce au bail solidaire.