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Rennes. Bientôt la fin des logements vacants en ville ? (via le Ouest France)

Alors que l’attractivité de Rennes va crescendo et que le marché immobilier se tend, la métropole veut lutter contre la vacance de longue durée des logements. La ville en compterait 1 578, vides depuis deux ans ou plus.

1578 logements seraient vides depuis deux ans ou plus à Rennes. | GETTY IMAGES/ISTOCKPHOTO

Le promeneur n’y prête aucune attention, dans les rues du centre-ville de Rennes. Mais l’œil attentif peut facilement distinguer leurs fenêtres obstruées, et l’absence d’occupants qu’elle laisse deviner. Les logements vacants se sont longtemps fondus dans la masse, mais ne passeront bientôt plus inaperçus.

Dans la foulée de l’annonce d’un grand plan national, début 2020, la métropole rennaise se lance elle aussi dans la lutte contre la vacance de longue durée, de deux ans ou plus. « C’est un sujet qui nous interpelle et nous interroge », confirme Honoré Puil, vice-président de Rennes métropole, en charge du logement. Non que les chiffres rennais soient particulièrement alarmants par rapport au reste de l’Hexagone. « Au contraire, Rennes est plutôt moins touchée que les autres grandes villes », pointe Émilie Godet, chargée d’études pour l’observatoire de l’habitat Audiar.

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Des données plus précises

Sur 99 739 logements au total dans le parc privé, 1 578 sont comptabilisés comme vacants depuis deux ans ou plus, selon les chiffres du fichier Lovac, spécialement créé dans le cadre du plan national. Alors que les prix de l’immobilier s’envolent et que les locations s’arrachent comme des perles rares, chaque logement potentiel est bon à prendre. « Dans un contexte qui continue de se tendre, il faut faire feu de tout bois », confirme Honoré Puil.

D’où la démarche de la métropole d’élaborer un plan contre la vacance, intégré au prochain programme local de l’habitat. Grâce au fichier Lovac, la collectivité a désormais accès à un état des lieux plus fin que ce que permettaient jusqu’à présent les données de l’Insee. Parmi les nouvelles données, figurent les adresses des logements, et la durée de vacance. Après une analyse poussée des fichiers, récemment entamée, la collectivité ira rencontrer « physiquement » les propriétaires.

« Très compliquée à éradiquer »

« Nous voulons prendre contact avec chacun d’entre eux pour comprendre pourquoi leurs logements restent vacants. Ensuite, nous pourrons leur présenter les différentes aides au cas par cas », détaille Honoré Puil, qui espère que le dispositif sera bouclé d’ici l’été 2022. « C’est un travail au long cours, tout en finesse, pour essayer de convaincre les propriétaires. » Car conformément au plan national, la métropole va privilégier les démarches incitatives, excluant les mesures coercitives. « On s’est rendu compte que cela ne fonctionnait pas, sinon, il n’y aurait pas autant de logements vacants dans le pays. »

Complexe, la lutte contre la vacance de longue durée l’est notamment en raison des nombreuses causes qui peuvent être à l’origine du phénomène. Refus de louer ou vendre du propriétaire, impossibilité de le faire en raison d’un état avancé de vétusté, absence d’envie ou de possibilité financière d’y mener des travaux, travaux de longue durée… « Il peut aussi y avoir des conflits lors d’une succession, ou lors du départ d’un aîné en maison de retraite », complète Émilie Godet.

« La vacance de longue durée est très compliquée à éradiquer. Souvent, tous les leviers ont déjà été activés », poursuit la chargée d’études. En plus des aides fiscales accessibles aux propriétaires qui voudraient entreprendre des travaux, la métropole compte aussi leur vanter les mérites de sa filière de relogement social prioritaire, à travers laquelle elle se porte garante de locataires de ménages en difficulté. « Ça offre une sécurité aux propriétaires », explique Honoré Puil. De quoi éviter la « gentrification » crainte par certains militants du logement pour tous, qui redoutent de voir les classes populaires exclues du centre-ville.

Au centre ancien, 300 logements remis sur le marché

La réhabilitation de plusieurs immeubles anciens du centre-ville de Rennes (ici, au 3, rue de l’Horloge) va permettre de remettre en location des appartements vacants depuis plusieurs années. | OUEST-FRANCE

Menée depuis 2011, une grande opération de réhabilitation du centre ancien a permis de sauver 230 immeubles en fâcheuse posture. Si son but premier consiste à sécuriser les bâtiments, ce grand lifting permet, de fait, de lutter contre la vacance. « 300 logements qui étaient vacants depuis deux ans ou plus ont pu être réoccupés », détaille Mélanie Marchino, cheffe de projet à Territoires publics, responsable de l’opération Rennes centre ancien.

Les travaux, d’envergure, sont réalisés sur des chantiers de deux ans. Comme au 3, rue de l’Horloge, où dix-huit logements sont actuellement inoccupés, car complètement inaccessibles. « Les travaux touchent souvent à de la réfection complète du bâti, et à la reprise des structures. Dans les immeubles, les appartements sont forcément touchés aussi, en plus des parties communes.»