Michel Crépeau, l’ancien maire Radical de Gauche de La Rochelle, n’a pas seulement été le premier à mettre en place des vélos en libre service, en 1977. Il avait aussi coutume de dire : “Il y a deux choses qu’il ne faut pas déléguer au privé, c’est la vie et la mort, c’est-à-dire la gestion de l’eau, et les pompes funèbres”. Il résumait là un principe qui guide l’action des Radicaux de Gauche à l’échelle municipale depuis de nombreuses années, spécialement à Rennes.
Nos positions dans ces domaines sont constantes, en effet : nous avons toujours défendu la municipalisation de l’eau et l’option d’une gestion en régie, plutôt qu’une délégation de service public et un contrat d’affermage avec Véolia.
Comme nous le rappelions en 2004, lors du choix de Véolia comme délégataire, “l’eau n’est pas n’importe quel type de bien. C’est un bien indispensable à tous, pour lequel, depuis des siècles, on se bat à travers le monde, dont la qualité ici, par exemple en Bretagne, conditionne notre développement économique. Et, lorsqu’il s’agit d’un bien aussi vital, la maîtrise publique doit être totale et, seule la régie peut nous le garantir complètement et en toute sécurité“. Approvisionnement, distribution et assainissement exigent des politiques publiques fortes, fondées sur les principes du développement durable et de l’égal accès de tous à la ressource en eau.
Nous pensons en outre que l’usager du service public de l’eau n’a pas à pourvoir aux bénéfices d’une entreprise multinationale (dans le cas de Véolia, on constate une augmentation de + 22,5% du résultat net en 2007), ni à alimenter les dividendes de ses actionnaires (+ 294% depuis 2003), et encore moins à financer des investissements hasardeux dans les secteurs des télécoms et des médias. En d’autres termes, l’eau, patrimoine commun de l’Humanité, ne peut être l’objet d’intérêts financiers monopolistiques.
Par ailleurs, sans vouloir tomber dans le piège de la comparaison du prix de l’eau entre les différentes villes, tant les conditions géologiques et hydrauliques, ainsi que les contextes agro-environnementaux sont hétérogènes, se pose aussi la question des factures d’eau, et du poids que leur montant peut représenter dans le budget des ménages les plus modestes. Comment interpréter le chiffre de 551 coupures d’eau pour impayés à Rennes en 2007 (sur un total de près de 69 000 compteurs) ? Telle était le sens de notre intervention en Conseil municipal au mois d’octobre, lors de la présentation du rapport d’activité de Véolia.
Les interrogations que nous avions, avec d’autres, en 2004, sont partagées au-delà de Rennes, et plusieurs grandes villes ont d’ores et déjà pris la décision de (re)municipaliser l’eau. Le mouvement de retour à la gestion directe de l’eau s’était déjà amorcé à Grenoble ou Cherbourg il y a quelques années. C’est maintenant la Ville de Paris qui donne l’exemple, en décidant de gérer directement le service public de l’eau dans la capitale. D’autres métropoles se posent la question, comme Toulouse, pourtant liée par un contrat d’affermage allant jusqu’en 2020.
Pour notre part, nous serons vigilants sur cette question tout au long du mandat. Nous le serons aussi, pour les mêmes raisons, sur la façon dont le crématorium de Rennes Métropole, à Vern-sur-Seiche sera géré par l’entreprise délégataire. Pour les Radicaux de Gauche, il est en effet inopportun de réaliser des bénéfices sur une telle activité.
Tribune publiée dans Le Rennais du 15 février 2009