Lors de la séance du Conseil municipal du lundi 30 mars, Honoré Puil est intervenu au nom du groupe PRG sur la résorbtion de l’habitat insalubre et la réhabilitation du Centre ancien. Pour l’élu rennais, cet effort important de la Ville doit absolument être partagé par d’autres acteurs.
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
La série de délibérations que nous allons voter ce soir sur le Centre ancien fera partie de celles qui marqueront fortement ce mandat. Au-delà, elles traduisent aussi un engagement pris devant les Rennais : celui de soigner le centre-ville, malade de plusieurs maux.
Le dispositif Noz’Ambule, mis en place depuis plusieurs mois, avait déjà pour objectif de renforcer le “vivre ensemble” en centre-ville, en instaurant une présence aux moments les plus sensibles de la journée et de la nuit, visant à désamorcer les éventuels conflits, ou “embrouilles”.
Une Charte de la vie nocturne viendra compléter ce dispositif, en modulant les horaires de fermeture des bars, et en diversifiant les activités en centre-ville.
Là, nous nous attaquons à un sujet qui a souvent fait débat dans cette enceinte, il s’agit de l’habitat insalubre et vétuste.
Je ne rappellerai pas les multiples événements qui ont poussé à l’inscription de ce sujet sur notre agenda politique, mais toujours est-il que sur ce dossier, les attentes envers les élus, et spécialement la municipalité, sont énormes. La Ville de Rennes agit déjà depuis plus de trente ans sur cette question, et effectivement, les premières OPAH datent de 1979. Ce simple rappel nous permet de dire que nous ne restons pas les bras ballants devant les problèmes qui se posent dans notre centre-ville.
Pourtant, malgré cette action constante, les défis à relever sont immenses.
Notre centre ancien revêt plusieurs caractéristiques qui le rendent unique, et qui imposent des solutions sur-mesure. C’est d’abord un lieu de centralité, qui regroupe sur un espace réduit, plusieurs fonctions assurant un rayonnement dans toute la région : logements, commerces, administrations. Le centre-ville de Rennes est ainsi le premier pôle commercial de Bretagne, avec plus de 1 600 commerces en activité.
C’est aussi un lieu riche en patrimoine, qui participe au développement touristique et culturel de notre agglomération. Le récent colloque sur le tourisme urbain le prouve : ce patrimoine attire à nous de plus en plus de touristes séduits par Rennes, Métropole d’Art et d’Histoire.
Mais c’est aussi un espace qui, pour des raisons historiques, souffre d’une dilution des responsabilités vis-à-vis du patrimoine bâti, avec un nombre très important de copropriétés.
Insalubrité, vulnérabilité aux risques, absence de gestion volontaire de la part des propriétaires et copropriétaires, problèmes de domanialité : telles peuvent être les conséquences de cette structure immobilière particulière.
Le texte d’une des délibérations que l’on examinera à l’instant le dit d’ailleurs, puisqu’il est envisagé de “modifier de façon importante l’équilibre actuel entre les nécessaires actions incitatives et des actions coercitives à développer”.
Pourtant, une question se pose : la Ville de Rennes ne dispose pas de toutes les compétences légales et réglementaires requises pour traiter globalement ce genre de problème.
En octobre 2007, nous nous interrogions déjà ici-même sur la quasi-impossibilité d’intervenir dans les parties privatives des logements : “est-ce à la Mairie de se substituer aux propriétaires ? Dans cette optique, le droit de la copropriété doit être modifié. La balle est dans le camp du gouvernement et de sa majorité pour imposer des obligations plus fortes aux propriétaires. (…) Est-il normal que de tels logements privés soient loués à des tarifs excessifs, alors même qu’aucun chantier de rénovation ne soit prévu ? Que des syndics de copropriété s’abstiennent d’agir ? Que des agences immobilières mettent en location des logements parfois dangereux ? Que des étudiants, qui viennent à Rennes pour ses universités et non pour ses bars, ne puissent se loger dans de bonnes conditions ?”
Ce que nous voudrions dire, et redire, au groupe PRG, c’est que cette opération d’envergure, qui va être menée par la Ville dans le centre ancien, ne doit pas exonérer d’autres acteurs de leurs responsabilités.
Socialisation des pertes et privatisation des profits : cette expression risque en effet de ne pas être valable uniquement pour le plan de sauvetage des banques. Si la collectivité fait un effort, il faut que cet effort soit partagé, et qu’elle ne soit pas la seule à prendre des initiatives et à rechercher des solutions.