A deux jours de Noël, les commerces ouvriront ce dimanche, le 22 décembre. Le seul dimanche de l’année. C’est ce que prévoit un accord paritaire sur la fermeture le dimanche des commerces d’une superficie de plus de 700 m² à prédominance alimentaire.
Lors de la dernière campagne des municipales, nous avions pris cet engagement d’autoriser l’ouverture, le dimanche avant Noël, ai-je rappelé au Ouest-France. Ceci pour répondre à la demande des commerçants du centre-ville, partant du constat qu’une grande part des achats dans les commerces du centre-ville ont lieu en décembre. Pour 2014, nous avons retenu des ouvertures pour trois jours fériés, et toujours un seul dimanche, celui précédant Noël.
L’occasion m’est donnée de revenir sur ma conception du temps de travail et des enjeux pour les commerces du Pays de Rennes, tels que je les avais exposés début octobre sur l’antenne de France Bleu Armorique :
Il s’agit de préserver le repos des salariés, d’une part. D’autre part, il s’agit aussi de préserver dans notre société des temps où il est possible pour tout le monde de faire société ensemble, c’est-à-dire de pouvoir aller voir un match de foot ensemble, d’aller voir un concert ensemble. Il est bien évident que si l’on déstructure totalement le temps de travail, c’est quelque chose qui ne sera pas possible et on aura changé de modèle de société.
Et puis, je crois aussi, derrière cette notion de travail le dimanche, il y a aussi la question de la dérégulation du travail en France. Parce que, aujourd’hui, quand il y a un certain nombre de personnes qui travaillent le dimanche, c’est rarement parce qu’elles l’ont souhaité. C’est parce qu’elles ont besoin de gagner plus. C’est par exemple le cas des étudiants. Mais si on prend le cas des étudiants, on peut s’interroger sur le point de savoir pourquoi les bourses sont aussi peu élevées d’une part, et d’autre part, pourquoi le coût du logement est aussi élevé. Voilà, donc un ensemble de raisons qui font que en tant que citoyen, en tant qu’élu, je suis hostile au travail le dimanche.
“Si vous ouvrez les supermarchés, les hypermarchés, vous ne laissez plus aucune chance aux petits commerces de proximité”
France Bleu : En gros, le chiffre d’affaire qu’on fait le dimanche, c’est un chiffre d’affaire que les grandes surfaces ne feraient pas le reste de la semaine ? Est-ce qu’on a des études en la matière ?
Il y a des études. Pas véritablement, en réalité. Les chiffres qui sont proposés sont souvent des chiffres qui émanent de la grande distribution elle-même. Donc qui sont sujets à caution. (…) Moi, je n’ai jamais reçu de demande de salariés, de citoyens visant à ouvrir les commerces le dimanche. En revanche, j’ai reçu des demandes de salariés qui m’expliquaient leur souffrance de devoir travailler le dimanche. (…) Et puis, j’ai reçu quelques fois aussi des demandes de chefs d’entreprise, notamment de directeurs de magasin de grandes enseignes nationales, m’expliquant qu’ils étaient contraints à ouvrir le dimanche par leur siège national
Sur Rennes, c’est un consensus très large sur cette question-là, parce que quelle que soit la sensibilité politique des élus de droite ou de gauche, il y a une vraie volonté de préserver le repos dominical. Et nous l’anticipons, parce qu’en 2017, nous allons ouvrir un nouveau centre commercial à Pacé. Et dès à présent, dans le cahier des charges qui a été confié à l’opérateur, nous lui demandons de ne pas ouvrir le dimanche.
On est dans une démarche qui consiste à vouloir dessiner sur notre territoire un projet qui donne satisfaction au plus grand nombre. Or, aujourd’hui, le modèle rennais – on peut parler de modèle rennais en matière de travail du dimanche et des jours fériés – est regardé et imité dans d’autres régions de France.C’est un modèle effectivement qui est partagé par beaucoup de gens et qui en réalité ne pose pas beaucoup de problème.
Nous avons sur Rennes Métropole une charte d’urbanisme qui évoque ce volet social. Il nous permet de décider de l’ouverture d’un dimanche avant Noël pour l’ensemble des commerces. Ce qui donne satisfaction à tout le monde.Pour le commerce alimentaire, la situation est un petit peu différente. Nous, ce que nous souhaitons, c’est que les supermarchés et les hypermarchés n’ouvrent pas le dimanche. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de préserver les petits commerces de proximité qui se situent dans les villes, dans les bourgs, dans les quartiers. Or, vous comprenez bien que si on ouvre les supermarchés, les hypermarchés, c’est tout le travail qui aura été effectué par les maires des communes. Je pense par exemple au travail exceptionnel qui a été accompli par les maires, comme les maires d’Acigné, de Nouvoitou, de Tourigné-Fouillard, de Gévezé, pour conserver leur commerce de proximité, voire le développer. Et donc, c’est cela la difficulté. Si vous ouvrez les supermarchés, les hypermarchés, vous ne laissez plus aucune chance aux petits commerces de proximité.