Hier soir, lors du Conseil municipal, nous avions à nous prononcer sur la signature de la Charte de niveau 2 de Ya d’Ar Brezhoneg. Nous, élus du Groupe Radical de Gauche, étions opposés à une telle démarche, ceux pour trois raisons.
Premièrement, à cause de la pertinence des nouvelles contraintes que nous impose l’Office de la Langue Bretonne.
Les objectifs induisent de nouveaux coûts pour la collectivité, alors même que nous sommes dans un contexte de restriction budgétaire. Et est-ce réellement utile ? Est-ce qu’un répondeur téléphonique bilingue amènera à augmenter le nombre de locuteurs ? Je ne le crois pas.
Toute liberté est laissée à ceux qui veulent apprendre le breton de le faire. Et la ville de Rennes met les moyens pour une telle politique.
Comme vous venez de le présenter, nous avons un choix à faire parmi 37 propositions, puisque 3 nous sont imposées. Parmi ces 37, d’autres auraient pu être choisies, comme une enquête sur la connaissance du breton par le personnel de la mairie. Au lieu de cela, la collectivité s’engage à aider financièrement l’installation d’une crèche en langue bretonne.
Quel est l’intérêt ? Est-ce que cela correspond à une démarche d’apprentissage du breton ? Je ne le crois pas.
Lors de la signature du niveau 1 de la Charte, nous nous étions interrogées sur les autres niveaux de certification. Alors même question : jusqu’où ira-t-on ? Avec un niveau 3, on franchira certainement un nouveau cap. Avec des formes de dumping linguistique, puisqu’un des objectifs proposés n’est pas moins que… l’aide financière pour les commerces optant pour un véritable bilinguisme.
Je n’arrive à comprendre l’intérêt d’en faire plus. À moins de vouloir être plus royaliste que le Roi, le Roi en la matière étant Christian Troadec, à Carhaix, seule ville bretonne à remplir les quarante objectifs.
Une deuxième raison motive notre refus : la réalité historique.
Pour peu que l’on se penche sur les signataires de cette Charte, on peut y percevoir le poids de l’histoire. Regardons de plus près la répartition départementale des communes signataires. 76 dans le Finistère, 37 dans les Côtes d’Armor, 27 communes dans le Morbihan.
Dans l’Ille-et-Vilaine, 4 communes. En si la signature est acceptée ce soir, il y aura trois villes de niveau 2 pour une seule de niveau 1.
Nous avons là la démonstration, faut-il le rappeler, que nous ne sommes pas en pays bretonnant. Que l’on cherche à préserver un patrimoine linguistique est une chose. Mais
chercher à tout crin à adopter une réglementation pour développer une langue qui n’est pas parlée à Rennes en est une autre.
Enfin, troisième raison : l’idéologie.
Car cette volonté d’imposer une langue a un nom, c’est l’impérialisme linguistique. Si je parle d’impérialisme linguistique, c’est pour une bonne raison. C’est pour souligner que
nous sommes au cœur d’une bataille idéologique autour de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Robert Badinter, figure morale de la Gauche, avait rappelé justement qu’« une constitution est un instrument qui sert à gouverner un pays, […] et, dans son préambule, figurent les valeurs fondamentales sur lesquelles reposent cet équilibre constitutionnel. Il ne s’agit donc pas d’un catalogue des richesses nationales ou des différents aspects de la communauté nationale. […] S’agissant des langues régionales, nous constatons qu’elles trouvent parfaitement leur place dans les universités, dans l’enseignement […] et que, à plus forte raison dans le domaine privé, elles ont plein et entier exercice. »
Aujourd’hui, avec une telle inscription dans le marbre de la Constitution, nous risquons d’ouvrir la boîte de Pandore, en particulier dans le contexte de Rennes. La démonstration est assez simple. Il y aurait une supériorité de certaines langues au nom d’un prétendu lien entre langue, histoire et territoire. Avec une opposition sous-jacente entre une langue liée à un territoire – une langue régionale – et une langue liée à une migration – une langue minoritaire. Tout en sachant que cette opposition est caduque à Rennes.
Il y a là un malaise qui n’a pas échappé à certains. Ils s’interrogent sur l’interprétation de la Charte européenne, sur les risques de nouvelles exigences de populations issues de l’immigration, et conclue à la mise en danger de l’identité de la France et de celle de ses régions.
Une nouvelle question se posera alors à nous : pourquoi ne pas satisfaire de nouvelles revendications qui seront légitimes ? Pourquoi ne pas aider l’installation de crèche en langue berbère ? Quelles réponses apporterons-nous : favorablement à certaines revendications et en laissant d’autres de côté ?
Nous entrons sur un terrain idéologique dont il faut bien mesurer les risques : risques de crispation et stigmatisation identitaires. Ce flou autour de la définition des langues régionales et des langues minoritaires est un cadeau, une brèche dans laquelle s’engouffre l’extrême-droite.
Pour ces trois raisons, lourdeurs, réalité historique et idéologie, nous ne voterons pas cette délibération.
Quand il y a eu une injustice flagrante typiquement coloniale, il faut faire certains efforts pour la réparer. Quand le balancier est allé trop loin dans le sens de l’injustice… Où est l’égalité quand certains ont droit à une éducation de leurs enfants dans la langue maternelle et d’autre pas ? Ceci vaut aussi pour les nouveaux arrtivants. C’est la même combat. La promotion de l’identité culturelle, c’est aussi la promotion des Bretons et de leurs produits en France et dans le monde, c’est la défense de l’emploi. Tout erst lié. On “aime” ou on n’aime pas. L’important, ce n’est pas la Bretagne, mais les Bretons, qu’ils s’appellent Pencalet, Lobineau, Makoto Noguchi ou Kofi Yamgnane.
petit rajout quand on parle d’enseigner artificiellement le breton…. S’il y a bien une langue qui a été enseigné de maniere artificielle…c’est evidemment le francais
Comment une ville comme Rennes pourrait-elle prétendre à être chef-lieu de la Région Bretagne alors qu’elle ne serait pas en mesure d’accueillir et de renseigner les Brittophones même si la plupart d’entre eux n’y demeure pas !!!?
Je suis en grande partie d’accord avec les arguments du PRG énoncés ci-dessus car s’il n’y a pas encore impérialisme du breton, on y a va tout droit avec le prosélytisme des activistes bretons qui, comme les intégristes religieux, se nourrissent et répandent des informations dévoyées ou carrément fausses.
L’exemple le plus frappant en est l’imputation à Pétain de l’arrachement du 44 à la Bretagne. 1°) En 1941, les régions n’EXISTAIENT PLUS depuis quasiment 150 ans ; Pétain a donc plutôt recréer une Bretagne. 2°) Les lois de l’Etat Français ont été abolies à la Libération et les régions pétainistes ont donc été supprimées. 3°) C’est de Gaulle qui a signé le texte instituant les régions actuelles. Il est bien sûr plus intéressant publicitairement d’accuser un Méchant!
Quelques exemples relevés dans les commentaires : 1°) sans remettre en cause […,] ni la langue gallèse? Dans le Morbihan, lorsque les panneaux de signalisation sont bilingues, c’est exclusivement le breton qui est utilisé. Pourquoi pas le gallo? (d’ailleurs ce logiciel ne connait pas le mot “gallèse”) 2°) sans remettre en cause les valeurs républicaines? Pourtant qu’est-ce que les activistes “tapent” sur la République qui a supprimé les régions en 1792 et imposé une langue commune à tous les Français! 3°) On accuse le PRG de collusion avec l’extrême-droite qui refuse les langues régionales? C’est le FN qui le premier au Conseil Régional a demandé à ce que la Bretagne soit représentée par le Gwen-ha-Du!
Conclusion : Quand un argumentaire politique s’appuie sur tant de mensonges, méfiance!
Je voudrais ajouter que je regrette que les activistes du breton soient si activement soutenus par un grand quotidien de l’Ouest.
Dipitus un tamm gwellout ne ya ket war raok gant menozioù an dud, setu perak eo ret kendalc’h gant ar stourm!!