Lors du Conseil municipal de la mi-décembre, plusieurs délibérations concernaient la SPL Eau du Bassin Rennais, soit la fin programmée de la délégation de service public à Véolia, dont le contrat d’affermage arrivant à échéance le 31 mars 2015, et l’introduction de la tarification sociale de l’eau.
Lors du précédent mandat, le groupe Radical de Gauche a multiplié les interventions, soit pour s’interroger sur l’intérêt d’une délégation de service public auprès de Véolia, soit pour inviter les élus rennais à préparer le passage en régie publique.
Mais surtout son combat remonte à 2004, au sein du Conseil municipal, lorsqu’Honoré Puil avait défendu le principe d’une régie publique de l’eau.
C’est ce qu’Honoré Puil a tenu à rappeler en Conseil municipal.
Madame La Maire,
Chers Collègues,
Permettez-moi d’appuyer mon propos sur deux expressions qui font référence à l’histoire antique. « Rome ne s’est pas faite en un jour » et « Rendez à César ce qui appartient à César ». Je le fais pour rétablir quelques vérités que nous avons tous pu voir malmener ces derniers jours dans la presse.
En effet, le terme de “victoire” a été émis au sujet de la mise en place d’une tarification sociale de l’eau. C’est incontestablement une victoire. Mais une victoire pour les Rennais. Une victoire dont il est forcément tentant de s’attribuer tous les mérites. Or, comme je l’ai dit « Rome ne s’est pas construite en un jour ». Rennes non plus, pas plus que sa politique en matière de production et de distribution de l’eau.
Je l’avais exprimé en d’autres temps. Les élus du groupe Radical de Gauche ont toujours regretté que le choix de la régie n’ait pas été fait dès 2004, lorsque nous en avions la possibilité. Le Conseil municipal s’était alors prononcé en faveur de Veolia comme titulaire du contrat d’affermage. J’y dénonçais les risques que faisait encourir la privatisation d’un bien public fondamental, l’eau. C’est-à-dire le manque de transparence et l’existence d’un quasi-monopole, du fait de l’absence de concurrence dans un marché très concentré. C’est-à-dire également le sacrifice de la clientèle au nom des sources de profit.
La victoire, la vraie, est intervenue en janvier 2013, lorsque la majorité du mandat précédent s’était prononcée en faveur de la création d’une SPL pour la gestion de l’eau. Entre les deux dates, s’est écoulée près de 10 ans, pendant lesquelles nous avons eu cesse de démontrer les défauts majeurs d’une délégation de service public de l’eau, pendant lesquelles nous avons martelé que l’eau est avant tout un bien commun, indispensable à la vie. Et que ce caractère essentiel justifie le refus de la marchandisation de l’eau, de sa soumission à des intérêts d’ordre financier
« Rendez à César ce qui appartient à César ». L’expression, d’origine biblique, désigne que l’action publique relève du pouvoir politique. C’est ce dont nous avons fait preuve en janvier 2013. Ce fut là une décision importante, peut-être la plus importante du mandat précédent. Pourquoi ? Parce qu’une source de profit importante pour un opérateur privé est la facturation des impayés et la coupure d’eau. Elles sont facturées au prix fort à l’abonné, abonné qui est avant tout un client.
Alors, aujourd’hui, oui, il est question de tarification sociale, écologique de l’eau. Cette tarification n’est en réalité que la résultante de cette prise de décision fondatrice. D’ailleurs, Pierre Christen, dans la discussion à l’occasion de la délibération du 21 janvier 2013, invitait les membres du Conseil municipal à « profiter de cette reprise en main pour imaginer une tarification innovante de l’eau. Créer, par exemple, un forfait de base, gratuit, pour les premiers mètres cubes indispensables. »
En somme, je pourrais m’arroger la paternité de cette tarification, ce d’autant plus que nous la proposions en 2013. Mais ce serait manquer de respect à l’égard de Marc Hervé et Yannick Nadesan. Ce que je préfère retenir, c’est que nous avons œuvré collectivement pour le bien des Rennais. Que notre action se traduit aujourd’hui par une baisse du prix de l’eau et par conséquent par une augmentation de leur pouvoir d’achat. Ce, au nom d’une conviction : la gestion de l’eau doit être publique.