Lors de la séance budgétaire du Conseil municipal, Honoré Puil est intervenu au nom du groupe PRG pour expliquer le soutien des élus Radicaux de Gauches au budget 2011 de la Ville, tout en déplorant l’importance des sommes attribuées à l’enseignement privé.
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Cela fait trois ans maintenant que notre équipe municipale est en place, fidèle au contrat qu’elle a passé avec les citoyennes et citoyens de notre ville. Une très large majorité de nos concitoyens continue de faire confiance à la gauche dans toute sa diversité comme viennent de le démontrer les résultats des élections cantonales.
La droite (et le centre) s’interroge beaucoup sur le point de savoir pourquoi, depuis 1977, elle n’arrive pas à reprendre pied dans notre ville. Si les électeurs font confiance à la gauche pour dessiner l’avenir de notre ville depuis 34 ans, c’est peut-être parce que, année après année, budget après budget, nous avons toujours maintenu le même cap : celui de la promotion individuelle et collective de nos concitoyens et ce quelles que soient les résistances et malgré l’adversité, tout en étant toujours tourné vers l’intérêt général et le rassemblement.
Pour nous, l’intérêt général est supérieur à la somme des intérêts particuliers. C’est cette vision de la politique qui devrait primer partout, et en tout point du territoire.
C’est la force du pouvoir politique local que d’avoir dessiné – exercice budgétaire après exercice budgétaire – un territoire sans banlieue (alors que d’autres baissaient les bras ou n’anticipaient rien), d’avoir développé avec d’autres une coopération intercommunale exemplaire y compris sur le plan fiscal, d’avoir compris la nécessité d’une politique de maîtrise foncière et d’aménagement concerté pour un PLH offensif, d’avoir compris que pour attirer des entreprises il fallait aussi une offre culturelle (avec par exemple Les Champs Libres) et des moyens de transports performants (comme le métro), d’avoir aussi saisi la nécessité de s’inscrire dans les réseaux de la connaissance (ce que nous faisons à Rennes Métropole en apportant un fort soutien à l’enseignement supérieur et à la recherche).
Dans le même temps, ces politiques de régulation sur le long terme n’ont jamais cessé de s’accompagner de décisions prises par notre équipe au service de la vie quotidienne des Rennaises et des Rennais. C’est le sens, par exemple, des politiques que nous menons depuis de nombreuses années en matière de petite enfance et d’éducation, de santé publique et d’écologie urbaine, d’action sociale et de solidarité inter-générationnelle, d’équipement commercial et de vie associative, d’équipements sportifs et de pratiques culturelles.
Ce n’est sans doute pas un hasard si la Ville de Rennes et Rennes Métropole ont reçu, ces derniers mois, des prix récompensant leurs politiques publiques : prix Procos pour la gestion des équilibres urbains en matière d’urbanisme commercial, label Cit’ergie, qui récompense les actions en matière de politique énergie-climat, pass d’or Ville, Rail & Transports, pour l’usage des transports publics et la promotion des modes de déplacement alternatifs à la voiture, label « Bien vieillir », pour avoir intégré une dimension inter-générationnelle dans la politique du logement.
Non, ce n’est pas un hasard, car cela est la parfaite traduction de l’idéal républicain qui a donné naissance à notre engagement au service de la population : agir pour l’égalité de toutes et de tous.
Il nous semble important à nous, Radicaux de Gauche, de rappeler tout cela, car les actions que nous menons ici à Rennes, avec l’équipe municipale, prennent leur source dans ces valeurs et cet idéal que nous partageons. Le budget primitif en est la traduction la plus complète.
Ce budget que nous examinons aujourd’hui suscite de la part du groupe Radical de Gauche un grand nombre de réactions positives. Le niveau d’investissement est élevé – à hauteur de 100 M€ – et permet de préparer la ville de demain, que ce soit à travers des opérations de proximité (comme les 6 M€ affectés au Contrat urbain de cohésion sociale, ou les 2,6 M€ de la crèche Alma) ou des travaux nécessaires au développement économique de notre territoire (plus de 3 M€ à destination de la rénovation du Centre ancien).
En fonctionnement, les services que la Ville de Rennes propose à la population doivent faire notre fierté : les équipements sportifs (avec les piscines dont les tarifs restent les plus faibles de la région), la restauration scolaire, le CCAS (pour lequel près de 9 M€ sont prévus en 2011). Le secteur associatif bénéficiera également d’un fort soutien, avec près de 37 M€ de subventions : cela mérite d’être souligné, car c’est dans les associations que germe la citoyenneté, et Rennes fait preuve à cet égard d’une extraordinaire vitalité. Je ne vois pas où sont les « cadenas » dont parlait notre collègue Benoît Caron il y a huit jours, sur un plateau de télévision !
Les ratios financiers, quant à eux, restent très satisfaisants, et montrent que Rennes est une ville dont la gestion doit être un élément de fierté, tout en maintenant des taux d’imposition stables.
Dans ce budget 2011, nous notons également que les politiques publiques dont les élus radicaux ont la charge bénéficient d’une traduction budgétaire. La Maison de la Consommation et de l’Environnement sera, grâce aux 4 M€ d’investissements prévus jusqu’en 2013, un des équipements que la Ville pourra livrer d’ici la fin du mandat. En matière de commerce et d’artisanat, les actions des années précédentes sont pérennisées. Enfin, en matière de nutrition-santé, notre collectivité continuera en 2011 à mettre en application les orientations définies dans le Programme national nutrition-santé.
Ce budget reflète donc notre vision du pacte républicain : l’impôt, la contribution publique, servent à financer des services qui doivent profiter à tous, en portant une attention particulière aux plus faibles.
Pour autant, nous émettons les plus fortes réserves sur le niveau de financement que la Ville de Rennes accorde à l’enseignement privé, par le biais de la convention qui lie notre collectivité à l’ARDOGEC. Cette convention engage la ville pour quelques mois encore, mais il n’est pas interdit de relever que les sommes que la Ville de Rennes verse à l’enseignement privé (catholique) vont bien au delà de ce que la loi nous oblige à faire.
En effet, dans les 2,7 M€ que la Ville de Rennes verse à l’enseignement privé, le cadre législatif et réglementaire rend totalement facultatives les aides pour les classes de maternelles et la restauration scolaire, et a fortiori les aides pour l’achat de matériel informatique. Sur l’enveloppe globale, on peut déjà retrancher près d’1,7 M€ !
Les Radicaux ne sont pas hostiles par principe à l’existence d’un enseignement privé, mais notre position est simple : l’argent public ne doit jamais aller à l’école privée, puisqu’il appartient à tous. Pour nous, et nous tenons à le réaffirmer, la seule école libre est l’école de la République !
Je parlais tout à l’heure de laïcité, de valeurs républicaines, de pacte républicain : la laïcité n’est pas anti-religieuse, mais elle s’érige en rempart de neutralité absolue contre les influences des religions sur les institutions publiques et, en premier lieu, sur l’école républicaine puisque cette école est le creuset où doit se forger la liberté de conscience et où doit se faire l’intégration républicaine.
Monsieur le Maire, mes chers collègues, bâtir un budget revient à faire des choix. En 2011, ces choix sont les bons. Ils sont bons car ils traduisent dans des actes concrets notre idéal de ville : une ville à vivre, une ville pour tous, la ville d’aujourd’hui et la ville de demain. Et ils sont bons car ils correspondent à ce qu’attendent les Rennaises et les Rennais de leurs élus municipaux : répondre, avec justesse et justice, aux besoins de la population. C’est cela aussi, « vivre en intelligence ».