Le Conseil municipal de Rennes examinait, lundi 18 février, le budget 2013 de la ville. Lors de son intervention, Honoré Puil est revenu, au nom des Radicaux de Gauche, sur ces petites sommes qui témoignent du sens donné à l’action municipale.
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Je souhaite tout d’abord remercier notre collègue Gaëlle Andro, pour sa présentation, ainsi que l’ensemble des services de la Ville, et particulièrement ceux de Madame Goutany, qui ont travaillé afin de préparer les documents que nous examinons aujourd’hui.
Voter un budget est un acte politique important pour une assemblée. C’est le moment d’évoquer l’ensemble des politiques publiques menées par la collectivité, de nous rappeler également le contrat conclu avec la population au moment des élections municipales de 2008.
Je ne reviendrai pas sur les ratios que nous a détaillés la Première adjointe, et qui démontrent au besoin que notre ville est en bonne santé financière, malgré les aléas de la crise qui ont eu, à Rennes comme ailleurs, des conséquences importantes.
Je rappellerai tout de même que nous allons, ce soir, reconduire des taux d’imposition identiques pour les trois taxes communales, et que le produit de ces trois taxes sera, cette année, supérieur aux années passées : preuve du dynamisme et de l’attractivité de notre ville !
Un budget, ce sont donc des grandes sommes, mais aussi des plus petites sommes qui sont, chacune, des symboles de ce que nous imaginons pour Rennes.
Je citerai un certain nombre d’exemples, en fonctionnement ou en investissement, de ce à quoi se consacrera le budget 2013 de la Ville de Rennes.
Près de 9 M€ sont ainsi destinés à l’enseignement public, qui s’ajoutent aux plus de 10,3 M€ pour les restaurants d’enfants et 1,2 M€ pour les activités périscolaires. Ces actions viendront préparer la mise en place des nouveaux rythmes éducatifs à la rentrée prochaine et la Ville de Rennes, par son budget volontariste, agit en l’occurrence dans l’intérêt des enfants.
Le ministre Vincent Peillon avait totalement raison lorsqu’il expliquait qu’effectivement, la réforme coûtait de l’argent aux communes ; mais que les communes avaient le choix entre construire des ronds-points et investir dans l’éducation. Dans le même temps, beaucoup, par corporatisme, essayent de noyer cette réforme des rythmes éducatifs dans des considérations techniques, alors même que le passage à quatre jours et demi relève – rappelons-le – de l’intérêt supérieur de la nation en tant qu’outil de lutte contre les inégalités.
Nous renouvelons toutefois nos remarques des années précédentes concernant le soutien apporté par la ville à l’enseignement privé, auquel 2,7 M€ vont être versés cette année, sans oublier la traditionnelle subvention de 285 000 euros aux Fourneaux Économiques, montant en augmentation de plus de 5 %. Fiers de défendre l’école publique, laïque gratuite et obligatoire, les Radicaux de Gauche réaffirment que la collectivité n’a pas à financer la volonté de certaines familles de s’extraire du service public. Les digressions épiscopales sur le refus de l’égalité, à l’occasion du débat sur le mariage pour tous – porté par notre amie Christiane Taubira – doivent en outre nous inciter à la prudence.
Notre groupe avait fait part, l’an dernier, de sa préoccupation quant à l’avenir que notre génération au pouvoir réservait à la jeunesse. Cette préoccupation n’a pas disparu, et nous constatons que ce projet de budget en tient compte. A travers le budget de fonctionnement, et les dépenses du chapitre 012, la Ville de Rennes va ainsi s’engager avec volontarisme dans le dispositif des emplois d’avenir, qui va concerne une vingtaine de jeunes en 2013. Au delà, il nous faut aussi évoquer le soutien à l’action socio-culturelle et les 1,2 M€ de subventions versées aux acteurs de la politique jeunesse à Rennes, comme le CRIJ, le Cercle Paul-Bert ou même l’AFEV (Association de la Fondation Étudiante pour la Ville) qui créé dans les quartiers le lien entre les campus et la population.
Dans un contexte budgétaire difficile, nous notons donc avec satisfaction que les subventions aux associations restent stables, ce qui permet au secteur associatif d’avoir une plus grande visibilité pour mener ses actions. Des redéploiements permettent même un soutien renforcé à certaines d’entre elles, qui structurent notre tissu associatif. Le budget 2013 prévoit, à cet égard, de consacrer près de 800 000 euros au soutien à l’emploi associatif, en même temps que se profilent, au printemps prochain, les rencontres de la vie associative.
Mais la citoyenneté, ce n’est pas seulement l’apprentissage et la pratique des responsabilités. C’est aussi la lutte contre les discriminations et nous constatons que dans ce budget, il est prévu que le Centre Gay, Lesbien, Bi et Trans de Rennes puisse bénéficier cette année d’une subvention de 7 000 euros, soit sept fois plus que les années précédentes. C’est bien le minimum, quand on voit ce que fait cette association au quotidien dans le domaine des luttes contre les discriminations et l’homophobie, et quand on voit ce qui reste encore à faire.
Vivre ensemble, c’est aussi construire l’avenir ensemble. Ce budget en est une démonstration supplémentaire, avec 180 M€ d’investissements prévus, et un objectif de mandatement de 72 M€. On y voit notamment la construction des pôles éducatifs Courrouze et de Beauregard-Quincé, la construction et la réfection de crèches, le soutien au logement social ou encore les aménagements de voirie.
En complément des politiques menées par Rennes Métropole, cela atteste d’un fort engagement de la Ville de Rennes dans la vie économique du territoire.
Ainsi que je le disais tout à l’heure, un budget est un ensemble de petites sommes qui témoignent du sens donné à notre action.
La Garde des Sceaux Christiane Taubira, concluant le débat sur l’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, avait cité le philosophe Emmanuel Levinas, pour lequel “penser autrui relève de l’irréductible inquiétude pour l’autre“.
Penser autrui, penser demain : c’est bien ce à quoi nous invite ce budget 2013, que nous voterons avec enthousiasme.
Honoré Puil