Madame la Maire, Chers collègues,
Le contexte actuel lié à la covid 19 a plongé le pays ainsi que tous ses habitants dans une profonde incertitude quant à ce que seraleur lendemain. Plus qu’une simple question existentielle, elle est devenue vitale, inquiétante et obsédante pour certains.
Je veux parler ici des jeunes et plus particulièrement des étudiants.
Pour reprendre l’enquête menée par la FAGE et IPSOS, « près des trois quarts des 18 – 25 ans déclarent avoir rencontré des difficultés financières au cours des trois derniers mois pour payer le loyer ou s’alimenter ». Pour les jeunes exerçant une activité professionnelle, 72 % ont vu leur activité salariale impactée, réduite ou interrompue au cours des trois derniers mois. Si cette situation a été temporaire pour 33 % d’entre eux, elle a été définitive pour près d’un sur 10. Une situation encore plus compliquée pour les étudiants puisque 42 % l’ont vu interrompue et 14% de manière définitive.
Dans notre ville et selon un syndicat étudiant de Rennes 2, la grande majorité des étudiants de la faculté des science sociales déclarent rencontrer d’importantes difficultés. Si cette enquête effectuée auprès de cette faculté est certainement juste…il ne faut sans doute pas généraliser non plus. En effet, la population étudiante est plurielle, diverse…. Les étudiants issus des catégories sociales moyennes ou supérieures peuvent toujours faire appel à leurs familles…mais il est évidemment très différemment pour les étudiants précaires et/ou en mauvaise situation familiale. Il est clair que ces étudiants sont pris entre deux feux et que c’est sur cette frange d’étudiants que doit se focaliser l’action publique.
S’agissant des conditions alimentaires et matérielles, il faut se féliciter de la mise en place (mais avec énormément de retard) de la décision du gouvernement de faire passer le nombre de repas à 1 € au restaurant universitaire d’une à deux fois par jour et de les distribuer non plus aux seuls boursiers mais à tous les étudiants qui le souhaiteraient. De même, la réouverture des restaurants universitaires est une bonne chose. Mais que de temps perdu ! Une ministre des universités totalement absente.
Rennes Métropole s’est déclaré également disponible, depuis le mois de juillet dernier, en mettant sur la table 1 million d’euros visant à aider tous les métropolitains, notamment ceux âgés de 18 à 30 ans, rencontrant des difficultés à payer leurs loyers. Dans le domaine des transports, il existe à destination des étudiants ou des jeunes une tarification sociale. Saluons aussi les diverses initiatives locales telles que l’ouverture d’une épicerie solidaire dans les facultés rennaises de Rennes 1 et Rennes 2 qui permet aux étudiants de bénéficier d’un sac de courses d’une valeur de 10 euros par semaine. Notre collègue Tristan Lahayes, vice- président de Rennes Métropole, prépare également un plan jeunesse à destination de tous les jeunes.
Mais c’est tout de même dans le domaine pédagogique que la situation est la plus préoccupante. Les étudiants rennais se plaignent de ne plus pouvoir accéder complètement aux locaux universitaires pour y suivre leurs cours en présentiel. Nous le savons tous ici, l’interruption d’une relation directe, en face-à-face, avec les enseignants ne peut qu’aggraver fortement les problèmes psychologiques et pédagogiques qui affectent les étudiants privés de cours et conduire tout droit au décrochage.
Le retour en présentiel 1 jour/semaine -qui devait démarrer aujourd’hui- préconisé par la ministre des universités est insuffisant. Militer pour un retour total en présentiel une semaine sur deux, comme cela, était la règle en septembre semble un bon équilibre. Le cours numérique est sans doute entendable sur quelques semaines mais sur une année cela devient impossible. Déjà, il a été observé, selon le quotidien Le Monde, une baisse du nombre d’étudiants à se présenter aux examens de fin de semestre. Enfin, Il est urgent de rembourser une partie des frais afférents aux abonnements internet dans la mesure où il s’agit désormais d’un outil essentiel.
L’argument utilisé pour refuser un présentiel est qu’il serait un accélérateur de contaminations ? Cet argument ne résiste pas à l’examen des faits. En effet les 350 000 étudiants, des classes préparatoires et de techniciens supérieurs fonctionnent quasi-normalement et on ne constate pas d’accélération des contaminations. Le retour en demi-groupe pour tous les cours n’est donc pas facteur de risques…alors que le sont très probablement les soirées des étudiants désœuvrés restés à Rennes.
De nombreux étudiants rencontrent aussi des difficultés pour accéder aux stages dans les entreprises. Il nous semble indispensable de lancer un appel aux fédérations professionnelles locales afin qu’elles maintiennent une certaine capacité d’accueil pour les stagiaires. Par ailleurs, et à l’heure actuelle, beaucoup de jeunes étudiants ou lycéens des sections professionnelles ou technologiques voient leur formation réduite du fait du contexte sanitaire ce qui est lourd d’angoisse pour eux.
Plus globalement – et au-delà des aides spécifiques à verser aux étudiants en rupture familiale ou d’aides covid aux non boursiers et boursiers des bas échelons
– il me semble que nous ne pouvons plus faire l’économie dans notre société d’un débat sur l’extension urgente, à minima à titre temporaire du RSA à l’ensemble des jeunes de moins de 25 ans (étudiants ou jeunes actifs), en attendant une transition vers un système de revenu universel. Il y a quelques jours, une députée raillant la proposition d’un responsable de la majorité nationale d’octroyer aux jeunes un crédit pour démarrer dans la vie disait « les jeunes ne veulent pas qu’on leur fasse crédit mais qu’on leur accorde du crédit ». C’est aussi, je crois le mieux à faire.
Nous aurons à connaître, dans la soirée, d’un vœu sur l’extension du R.S.A. aux jeunes. Dès à présent, nous pouvons souligner que cette proposition va dans la bonne direction.
Je vous remercie.
Honoré Puil
Président du groupe Mouvement Radical Ville de Rennes – Rennes métropole