A l’occasion du Conseil municipal du 18 janvier 2016, les élus radicaux de gauche ont tenu à apporter leur soutien au poète Yvon Le Men.
Au cours de cette session, nous serons amenés à nous prononcer sur le renouvellement de la convention qui lie la Ville de Rennes à l’association Maison de la Poésie. L’un des objectifs poursuivis par cette structure consiste à soutenir la création dans le domaine de la poésie et des écritures contemporaines.
Je ne doute pas que vous partagiez cette ambition. Aussi, j’aimerais mettre à profit les trois minutes dont je dispose pour attirer votre attention sur la récente condamnation du poète breton Yvon Le Men.
Le 26 novembre dernier, le tribunal de grande instance de Saint-Brieuc l’a astreint à rembourser 30 000 euros qu’il aurait indûment perçus au cours des années 2011 à 2013. Le juge a en effet estimé que la relation qu’il entretenait avec l’association Chant manuel allait au-delà d’une simple collaboration et qu’il contribuait pleinement à la gestion de cette association subventionnée par la ville de Lannion et le département des Côtes-d’Armor.
Pourtant, les activités d’Yvon Le Men sont loin de se résumer à son implication auprès de l’association Chant manuel. Il est également un acteur majeur du festival Étonnants voyageurs à Saint-Malo et, plus près de nous, il s’est installé en résidence pendant deux mois au printemps dernier dans un appartement du quartier de Maurepas.
Malgré cette création aux multiples facettes, le tribunal de grande instance a conclu qu’Yvon Le Men ne saurait être considéré comme un intermittent du spectacle et n’aurait donc pas dû bénéficier du régime d’indemnisation du chômage qui en découle. Pôle Emploi lui réclame en conséquence la restitution des sommes versées.
Ce triste épisode démontre une fois de plus l’importance de veiller collectivement au régime des intermittents. Cette spécificité française, héritée du Front Populaire, est une condition essentielle de la diversité culturelle dans notre pays. Il confirme également que ce régime, aussi protecteur soit-il, gagnerait à être précisé pour éviter que d’autres subissent les mêmes désagréments qu’Yvon Le Men…
Un collectif de soutien – intitulé Fin de droit de quel droit ? – qui regroupe plus de 1 800 personnes s’est constitué lorsqu’Yvon Le Men a pris la décision de contester en justice l’injonction reçue de Pôle Emploi à restituer les indemnités. Depuis la condamnation et le choix consécutif d’Yvon Le Men de ne pas faire appel, ce collectif s’est mué en une association qui reprend le titre d’un recueil de l’artiste – Besoin de poème. Elle rassemble des personnalités issues des univers de la littérature, de la chanson, du théâtre ou du journalisme mais aussi du monde politique dans sa diversité.
Présidée par Edmond Hervé, elle collecte des présents d’usage qui permettront le remboursement des sommes qui sont exigées d’Yvon Le Men. À cet effet, elle organisera une conférence de presse le mardi 12 février à 11 heures au Club de la Presse à Rennes afin de soutenir la création dans le domaine de la poésie et plus largement la création artistique dans son ensemble.