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Vote du budget : intervention d’Honoré Puil

Intervention d’Honoré Puil, au nom du groupe Radical de Gauche, lors de la séance budgétaire du Conseil municipal, le 7 mars 2009.

Monsieur le Maire,
Chers collègues,

Permettez-moi, tout d’abord, de remercier notre collègue François André pour la présentation qu’il vient de nous faire : claire, détaillée et passionnée. Mes remerciements, et ceux des élus du groupe Radical de Gauche, vont aussi aux services de la Ville, dont nous connaissons et reconnaissons l’expertise et le savoir faire.

Quatre mots permettent de qualifier ce budget 2009 que nous examinons aujourd’hui : difficile, courageux, sincère  et  fidèle.

Un budget difficile, d’abord.

Le contexte économique actuel est morose, de nombreux indicateurs nous le montrent, et en cela, Rennes et son agglomération ne sont pas épargnées. Ce contexte impacte fortement le budget de la Ville en amputant nos recettes, et en provoquant parallèlement une hausse de certaines dépenses.

A cet effet ciseau, s’ajoute malheureusement une insolence de l’Etat envers les collectivités locales. Dresser la liste exhaustive de tous les « mauvais coups » serait fastidieux, mais reconnaissons que la loi des séries ne nous gâte pas : transferts de charges non compensés, diminution des dotations, ou encore annonce de la suppression de la taxe professionnelle.

Et puis dernièrement, il semble bien qu’un anathème ait été lancée par l’Elysée contre les collectivités locales, tant la volonté est manifeste de détricoter le maillage de nos territoires, en y ratiboisant tous les services publics, et en décrétant que les élus locaux sont des nuisibles dont il convient de diminuer le nombre.

Trop d’élus, trop d’échelons : voilà ce qu’a décrété la droite à Paris. On aurait peut-être pu ajouter “trop de démocratie” et “trop de solidarité”, tellement on a l’impression que l’objectif est de rendre les choix politiques encore plus complexes. Quant à la création des Métropoles, l’idée est intéressante, mais sans réflexion sur la péréquation des ressources, elle aboutirait à instaurer un rideau de fer fiscal entre des territoires urbains dynamiques captant toutes ces ressources, et des zones rurales toujours plus désertes. Le rapport Balladur, c’est champagne pour les riches, et ceinture pour les autres !

La question des échelons territoriaux ne peut pas non plus être abordée uniquement sous cet angle, avec quelques personnes bien choisies par le pouvoir, qui décident de « faire du mal aux régions, aux départements et aux villes, mais pour leur bien ». De même, le redécoupage des régions – en premier lieu la Bretagne – ne changerait pas grand-chose en termes de simplification et de lisibilité, mais il servira par contre à flatter l’égo et à alimenter les fantasmes de quelques uns dont on connaît les intérêts et les objectifs.

En somme, avec le gouvernement, c’est comme le disait Michel Audiard : “Fais-moi confiance, je te laisserai de quoi mourir…

Finalement, toutes ces discussions sur la taille et le nombre des régions ne sont qu’un contre-feu allumé dans le but de faire oublier la façon dont l’Etat traite et maltraite les collectivités locales, les obligeant à un contorsionnisme budgétaire. Comprenons donc que bâtir un budget sur de tels sables mouvants relève de la gageüre !

Un budget difficile, donc, mais aussi un budget courageux, parce qu’éminemment politique. En ces temps troublés, l’action des pouvoirs locaux est plus que jamais nécessaire pour lutter contre les effets néfastes de la crise. Avec ce budget 2009, la Ville de Rennes prend des risques et fait des choix.

Non seulement l’investissement est maintenu, mais il est porté à un niveau très largement supérieur à 2008, avec une prévision de mandatements de l’ordre de 90 M€. Grâce à la déclinaison locale du plan de relance, certains investissements sont avancés ou accélérés, ce qui nous permet de prendre d’importants problèmes à bras le corps : je pense aux économies d’énergie, et la réhabilitation du centre ancien.

Tout cela viendra conforter l’économie locale et soutenir l’activité, et donc, consolider nos emplois.

Il n’est pas inutile de le rappeler. Vous connaissez le souci que portent les Radicaux de Gauche aux entreprises (de l’industrie, du commerce, de l’artisanat, des professions libérales), qu’ils ont placées au cœur de leur réflexion économique et sociale. Nous les voyons comme des “citoyennes” à part entière, car elles structurent notre tissu social et notre territoire. Elles doivent faire l’objet d’une attention particulière, ce qui exclut qu’elles soient dénigrées et confinées dans un espace manichéen, où l’on assimile l’entreprenariat au patronat le plus fou, et où l’on décrète que le salarié est forcément en conflit avec le patron.

Nous considérons que les entreprises sont une des clés du progrès social et donc, notre réponse à la crise actuelle doit consister à remplir leurs carnets de commandes. Les études récentes réalisées par l’Audiar démontrent très clairement quel a été par exemple l’impact d’un chantier comme celui des Champs Libres sur l’emploi.

S’agissant des recettes, notre conseil aura à décider d’une augmentation modérée de sa fiscalité. Contrairement à ce que peut dire la droite quand elle entend le mot « impôts », celui-ci – utilisé justement – a des vertus redistributrices, et dans les périodes difficiles, tous les leviers peuvent et doivent être actionnés pour pouvoir traverser l’orage…

Le président de la République avait juré, pendant sa campagne électorale, qu’il fallait mettre fin à l’augmentation des prélèvements obligatoires. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Monsieur Sarkozy et ses amis avaient à cette époque une vision assez originale et orientée de l’impôt, limite libertarienne : l’impôt n’était qu’une spoliation, un racket de l’Etat sur les citoyens, une confiscation contraire à l’ordre naturel des choses…

Alors, comment ne pas être frappé par la duplicité de la droite locale, qui critique à Rennes le recours à la fiscalité, alors qu’en deux ans, le gouvernement qu’elle soutient et dans lequel elle compte de nombreux amis a créé pas moins de quinze taxes nouvelles, dont certaines, profondément injustes, frappent durement tous nos concitoyens, quel que soit leur revenu : taxe pour le RSA (qui frappe les classes moyennes, laissant les plus riches à l’abri du bouclier fiscal), taxe sur les assurances et les mutuelles, taxe sur l’intéressement et la participation, taxe sur les ordinateurs, taxe sur le poisson, taxe sur les huiles moteurs, malus auto, taxe sur le téléphone et sur internet, ou encore les franchises médicales. Et cette liste n’est pas exhaustive !

Oui, vous avez bien entendu, 15 nouvelles taxes ! Tout cela pour financer le bouclier fiscal destiné à chouchouter les plus riches, et à les mettre à l’abri de la solidarité nationale.

Alors, je m’adresse là à nos collègues de l’opposition : épargnez-nous vos leçons de morale sur la fiscalité ! Ce sont bien vos amis de l’UMP et du Nouveau Centre qui votent au Parlement ces nouveaux impôts, qui touchent directement nos concitoyens les plus modestes, ainsi que les classes moyennes. Ces dernières ne sont exemptées de rien, doivent faire face à de nombreuses dépenses, et sont peut-être plus que d’autres durement affectées par la crise économique.

Chers collègues de l’opposition, vous soutenez un gouvernement qui creuse les déficits comme jamais. Selon le Ministère du Budget, le taux d’endettement devrait atteindre 74% du PIB cette année, c’est-à-dire bien au-delà des critères de convergence fixés par l’Union Européenne, au point d’exposer notre pays à une procédure pour déficit excessif. Et il s’approcherait de 80% en 2010 !!! Ces chiffres sont effrayants, quand on sait qu’en 1992, ce même taux était de 40%…

Pour continuer sur le caractère courageux de notre budget, nous notons qu’un effort important est fait pour contenir les dépenses de fonctionnement, effort qui concerne en premier lieu les dépenses à caractère général, alors même que le prix de certaines matières premières reste élevé ou a tendance à augmenter. Nous l’avions demandé, et nous nous en félicitons.

Pour autant, nous nous interrogeons toujours sur l’augmentation des subventions accordées à l’enseignement privé alors que des besoins importants existent dans le secteur public qui devrait être notre seul et unique priorité !

Troisième adjectif que j’ai utilisé pour décrire ce budget : sincère. Le document que nous allons voter tout à l’heure n’est pas en décalage par rapport à la réalité, et laisse apparaître – malgré la tourmente – une situation financière stable et saine.

Rennes a de bons ratios par rapport aux villes de la même strate. La capacité d’autofinancement est en hausse cette année à près de 34 M€, contre 31,6 l’année passée, quant au ratio de désendettement, il sera de 5 ans, ce qui est quand même très en deçà des chiffres que l’on connaît ailleurs dans l’agglomération rennaise. Notre niveau d’endettement, enfin, est parfaitement maîtrisé, ce qui contribue à l’effort en matière d’investissements.

Enfin, s’il est un quatrième adjectif à accoler à ce budget, c’est celui de fidèle, et j’y tiens !

Avec ce budget ambitieux, malgré le contexte difficile, nous serons en mesure de respecter nos engagements pris devant les Rennais en mars 2008. Au-delà, pour ce qui est des Radicaux de Gauche, ce budget sera fidèle aux valeurs qui fondent notre engagement dans la Cité et aux convictions que nous défendons.

Le philosophe Alain écrivait : “Ce n’est pas grand-chose d’avoir des idées, le tout est de les appliquer, c’est-à-dire de penser par elles les dernières différences.” C’est ce que nous faisons, avec ce budget 2009.

La Ville de Rennes agira en 2009 pour plus de solidarité, avec un renforcement des équipements de proximité et de quartier, et dans les écoles. L’objectif est de favoriser l’égal accès de tous à la culture et à la connaissance, et donc de produire les “sucres lents” de notre territoire.

Solidarité aussi, avec un accompagnement constant des associations, qu’il serait irresponsable de mettre en danger. Nous leur consacrerons ainsi près de 33 M€, sous forme de subventions. Cela traduit en outre notre engagement en faveur de l’économie sociale et solidaire, chère à notre groupe.

Notons également que le dispositif du RSA entrera en vigueur cette année à Rennes. Nous espérons qu’il parvienne à rendre leur dignité à ceux de nos concitoyens qui sont piétinés par une situation économique et sociale difficile.

Cette année encore, la Ville de Rennes poursuivra son engagement en faveur de la citoyenneté européenne, avec un soutien constant des associations de jumelage et de la Maison Internationale de Rennes. Pour ce qui est de la solidarité internationale, notre effort s’amplifie avec des crédits supplémentaires, en augmentation de 10%. Il ne faut pas y voir que des chiffres, mais surtout la traduction d’une volonté forte en faveur de l’idéal européen. Dans une société où règnent de plus en plus l’égoïsme et le chacun pour soi, les pouvoirs locaux doivent agir à leur niveau pour promouvoir le vivre ensemble, la diversité et l’altérité. C’est cela aussi, “vivre en intelligence”.

Nous voyons en outre dans ce budget de nombreuses mesures conformes aux idées émises par les Radicaux pendant la campagne électorale de 2008 : la médiation sociale dans le centre-ville, l’objectif de rénovation du centre ancien, la promotion de nouvelles normes d’économies d’énergie dans les bâtiments, ou encore la qualité urbaine.

Par ailleurs, sans lister toutes les dépenses – tant en fonctionnement qu’en investissement – prévues dans ce budget, je note que les 100 000 euros prévus pour la rénovation et l’extension de la MCE honorent une promesse qui nous est chère, dans le groupe PRG.

Monsieur le Maire, chers collègues, ce budget ambitieux, conforme à nos préoccupations humanistes, laïques et républicaines, est à la hauteur d’une situation inédite. Mais ne croyons pas que notre tâche s’arrête là. Des ajustements sont certainement à prévoir tout au long de l’année, pour adapter notre budget à une réalité de plus en plus mouvante. Ce budget fixe des caps, mais nous ne devons pas nous interdire d’agir avec davantage de plasticité et de pragmatisme car comme l’écrivait Keynes «  Ce qui arrive en fin de compte, ce n’est pas l’inévitable mais l’imprévisible »

C’est pour toutes ces raisons que les élus du groupe Radical de Gauche voteront ce budget 2009.

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