Ambiance festive pour la marche des fiertés ! C’est au son des chars animés de musique électro, techno et disco que les rennais – quelles que soient leurs orientations sexuelles – ont prôné la tolérance et l’égalité pour tous les homosexuels, bisexuels et transsexuels. Le principe d’afficher sans complexe ses orientations sexuelles a été bien compris, le tout dans une ambiance festive, chaude, parfois très chaude (indépendamment du climat), mais toujours très bon enfant. L’humour et la dérision étaient d’ailleurs omniprésents avec notamment une foule de slogans du type « Nobody knows I am gay » (personne ne sait que je suis gay !)…
Des questions plus politiques ont aussi alimenté le cortège. C’est le cas de la question de l’exclusion des homosexuels masculins du don du sang. Je pense à ce tract de l’association étudiante « Commune vision » qui souligne à juste titre que [le Ministère de la Santé] « ne tient pas compte du fait que les homos se font davantage dépister que les hétéros, mais aussi que les homos qui ne s’assument pas s’affirment hétéros lors des tests de dépistage ».
Rappelons que le motif d’exclusion des homosexuels s’appuie sur des chiffres de prévalence plus importants parmi les gays que parmi les hétérosexuels, et sur le fait que le VIH n’est pas détectable dans les quinze jours suivant la contamination.
Cela étant, on est légitimement en droit de s’interroger sur les raisons qui conduisent le protocole d’exclusion à ne pas prendre en compte la stabilité d’un couple homosexuel. En effet, le don du sang d’une personne issue d’un couple homo stable depuis plus de quinze jours ne présente aucun risque puisque les poches seront testées.
Et concernant le risque de contamination récente, c’est à dire dans les quinze derniers jours, un critère valable d’exclusion est bien celui de la stabilité du couple.
Car il faut rappeler également que cette situation suscite des comportements de contournement, qui poussent des homos à mentir sur leur situation pour donner leur sang. Or le facteur essentiel pour éviter une contamination future est bien celui de la récence d’une potentielle contamination, et non celui de l’orientation sexuelle seule. La situation actuelle n’est donc pas satisfaisante.
Enfin, il faut rappeler que le don du sang est un geste solidaire, humaniste, non rémunéré, qu’il faut absolument défendre dans notre société qui a tendance à s’individualiser et à se mercantiliser. Chacun d’entre nous peut sauver des vies.
C’est un système à défendre et à valoriser. Il suffit d’aller voir Outre Atlantique ce que donne le don du sang rémunéré… et justement tous les comportements de contournement justifiés par l’appât de la rémunération.
On peut regretter aussi que dans un contexte tendu au niveau des stocks, que la décision d’exclure les homosexuels prive l’Etablissement Français du Sang d’une ressource non négligeable.
Ironie du sort, le parcours de la Marche nous a conduit devant le chapiteau du Don du Sang. Le cortège a défilé sans un seul sifflet et c’est tant mieux.
L’EFS fait un travail formidable qu’il convient de saluer. Pour ceux qu’il le peuvent, il est encore temps de donner son sang !