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Le Couvent des Jacobins accueillera le Centre de Congrès

Le Conseil communautaire de Rennes Métropole a approuvé, jeudi 18 juin, le choix du site du Couvent des Jacobins pour accueillir le Centre de Congrès, en projet depuis plusieurs années. Il a également donné son accord sur les objectifs du site, et les différentes fonctions qui seront les siennes.

A cette occasion, Honoré Puil est intervenu en qualité de vice-président de Rennes Métropole chargé du tourisme.

Nous sommes réunis ce soir, pour évoquer un des dossiers les plus importants de ce mandat, et qui représente, avec la deuxième ligne de métro, un des investissements les plus lourds. Le Centre de Congrès de Rennes Métropole est un grand projet, qui, au stade actuel, présente une double caractéristique.

Il s’agit d’abord d’un engagement pris devant les électeurs, à Rennes et dans l’ensemble de l’agglomération. J’ai en mémoire non seulement les déclarations et le programme de la liste de Daniel Delaveau à Rennes, mais aussi la plate-forme communautaire des candidats de la gauche, conclue pendant les élections de mars 2008.

Pour suivre l’évolution de ce dossier depuis son origine c’est-à-dire depuis 2005 et l’avoir présenté à Edmond Hervé, je peux ensuite témoigner de l’ancienneté des réflexions qui sont les nôtres, ainsi que de l’intensité des études et du travail mené, pour aboutir à la délibération de ce soir.

Le projet de Centre de Congrès a mobilisé l’attention d’un grand nombre de personnes, dans nos rangs et au-delà. Le débat qu’il a suscité dans l’espace public local a été riche, et il continue de l’être.

Mais avant d’expliquer en quoi la proposition qui est présentée ce soir est cohérente, je voudrais donner, ici, un certain nombre d’éléments permettant d’en comprendre une nouvelle fois les enjeux.

Eléments de cadrage

Qu’est-ce qu’un congrès ? Et qu’est-ce qu’un congressiste ?

 Un congrès, c’est une rencontre à caractère professionnel. Cela peut aller de la session de formation pour des nouveaux collaborateurs d’une entreprise – qui réunit une dizaine de personnes – à l’Assemblée générale d’un syndicat – rassemblant un millier de délégués.

Et une rencontre professionnelle, ce n’est pas simplement un raout d’hommes d’affaires costumés qui viennent parler finances, licenciements massifs et stock-options. Ca peut aussi être un Conseil national d’une mutuelle…

Je donne volontairement ces quelques exemples, car il me semble qu’il y ait un malentendu sur ce que représente le tourisme d’affaire. J’ai lu dans la presse ces derniers mois des propos édifiants  qui caricaturent le tourisme d’affaire. Pour excuses, il faut avoir la franchise de reconnaître que cette notion de tourisme d’affaires – en tant que politique publique, et à la différence d’un certain nombre de pays étrangers – est très jeune puisque les premières assises nationales de l’industrie des rencontres et évènements professionnels se sont déroulées  en 2008 et que le Comité National de pilotage des Foires, salons et congrès a vu le jour seulement  en 2007 !

Qu’est-ce qu’un centre de congrès ?

A partir de là, on peut aussi répondre à une autre question : qu’est-ce qu’un centre de congrès ? Et qu’est-ce qu’un centre de congrès n’est pas ?

D’abord, ce n’est pas un parc des expositions, ni un champ de foire. Non, un centre de congrès, c’est un ensemble intégré, pensé et cohérent de prestations, comprenant salles de réunions, auditoriums, salles d’exposition et de restauration.

Les rencontres professionnelles prennent différentes formes, et la vocation d’un centre de congrès est de s’adapter à cette diversité, et cela se retrouvera dans la fonctionnalité du site.

Le constat

Ceci étant dit, il nous reste à démontrer maintenant pourquoi il faut un centre de congrès à Rennes Métropole, et pourquoi il doit se situer dans l’enceinte du Couvent des Jacobins.

Ce Centre de Congrès n’est pas un caprice, comme certains ont voulu le sous-entendre. Il est la réponse – ou une des réponses – à un objectif : Rennes, capitale de la Bretagne, se doit d’être attractive au niveau national, européen et international.

Car l’attractivité, ce n’est pas seulement le fait que la population augmente dans le Pays de Rennes, ni l’arrivée d’étudiants en provenance de la France entière. L’attractivité, c’est aussi le tourisme, qui est un facteur important de rayonnement.

Et quand on parle de tourisme, de quoi parle-t-on en réalité ? Il y a le tourisme d’agrément, dans lequel la dimension loisirs est prépondérante. Et il y a aussi le tourisme d’affaires, qui lui concerne un secteur spécifique, comme on l’a vu tout à l’heure. Le tourisme d’affaire n’est pas seulement facteur de rayonnement, il est aussi créateur de richesses.

J’ai sous les yeux les chiffres de différentes études, qui illustrent son impact économique. En France, cela représente plus de 35 000 emplois directs, non délocalisables, pour un impact économique global de plus de 2 milliards d’euros. Un touriste d’affaires dépense en moyenne entre 170 et 339 euros par jour, sans compter les frais de transport. Sachez également que dans une région comme l’Ile-de-France, l’ensemble des activités du tourisme d’affaires représente plus de 58 000 équivalent temps plein (source : La Gazette Officielle du Tourisme, 3 juin 2009) et que dans une ville comme Lille, le bureau des congrès a généré 3 M€ de retombées directes et indirectes pour la seule année 2008 (même source).

Le tourisme d’affaires est donc un outil qui bénéficie à l’ensemble du tissu économique : équipements d’accueil, hôtellerie et restauration, taxis, commerces, ainsi que les musées et équipements sportifs et culturels. Au final,  tout cela participe à l’emploi et à l’amélioration de la situation de nos concitoyens ! Nous avons par exemple des synergies possibles à développer avec les pôles de compétitivité.

Nous avons, dans l’agglomération, toute une palette de lieux dédiés aux rencontres professionnelles ; mais leur dimension ne permet pas à une métropole comme la notre de se positionner correctement (et à son juste niveau) sur le marché des congrès. Or aujourd’hui, il y a une véritable concurrence entre territoires pour attirer les congrès. On ne comprend pas autrement l’augmentation du nombre de villes françaises qui souhaitent adhérer à une association nationale comme France Congrès qui existe pourtant depuis 1965 et qui depuis trois ou quatre ans voit le nombre des villes adhérentes en augmentation (Toulon la semaine dernière).

Les solutions

Partant de ce constat, deux solutions s’offrent à nous.

La première consiste à mettre en réseau les équipements existants (Triangle, Halle Martenot, Maison des Associations, Champs Libres, Le Ponant, Parc des expositions de Saint-Jacques, etc.) C’est tout le sens de la création en septembre prochain du Comité Métropolitain du Tourisme d’Affaires qui réunira à l’initiative de  Rennes Métropole l’ensemble des professionnels du secteur et qui sera chargé de réfléchir sur « la qualité destination Rennes ». Relevons au passage que Nantes s’engage également dans cette démarche.

Quant à la deuxième solution, il s’agit  de créer un nouvel équipement, un centre de congrès. Mais en respectant trois conditions, qui permettront à notre Centre de Congrès de se positionner aux niveaux régional, national, européen et international.

Première condition : il faut que ce nouvel équipement soit situé dans le centre-ville de Rennes. Le marché des rencontres d’affaires est extrêmement concurrentiel, et regorge d’équipement localisés en périphérie, éloignés des cœurs d’agglomération.

Une localisation au cœur de la métropole règle les problématiques liées à l’accessibilité et à la construction d’infrastructures ad hoc. Certains imaginent une noria de véhicules, d’autocars et de poids-lourds, et en déduisent la nécessité d’un immense parking. C’est mal connaître les congressistes, qui préfèrent largement utiliser les transports en commun (TGV, métro, bus, parcs-relais), que les modes de transports individuels. C’est oublier que c’est toute la place Sainte-Anne qui devra être revue, et le plan de circulation modifié.

Deuxième condition : que le Centre de Congrès soit construit dans un site patrimonial existant. Oui, on aurait pu imaginer un bâtiment entièrement neuf, à l’architecture contemporaine (béton, verre et acier). Mais, comme nous l’a démontré le cabinet Second Axe, mais aussi les visites que nous avons effectuées dans d’autres villes, ce type d’équipement est déjà très répandu, ce qui pourrait rendre le positionnement de Rennes dans la filière du tourisme d’affaires particulièrement difficile. Quel serait l’intérêt de la filière pour un équipement semblable à ceux que l’on peut trouver à Nantes, à Tours, à Lyon, et dans bien d’autres villes encore ? Didier Ract-Madoux l’écrit de façon franche, et peut-être brutale, dans une de ses études : « le marché rejette ce type d’équipement« .

Troisième et dernière condition préalable : avoir une jauge maîtrisée, de 800 à 1 000 places. Selon des études sérieuses, et constantes, 88 % des rencontres professionnelles rassemblent moins de 800 personnes.

Le parti pris

Ces trois conditions expliquent la décision que nous allons prendre ce soir : le Centre de Congrès de Rennes Métropole aura une capacité d’accueil de 1 000 places, avec une vocation mixte prioritairement affaires puis culture, et sera situé au Couvent des Jacobins. Il sera également ouvert sur le quartier.

Je vais donc tenter de répondre aux critiques lancées par l’opposition, quand celles-ci ne relèvent pas de la mauvaise foi.

Oui, nous avons choisi une jauge de 1 000 places, ce qui présente un double avantage. D’une part, cela permet d’accueillir les concerts de l’Orchestre de Bretagne, et donc de lui offrir un lieu à la hauteur. D’autre part, ce dimensionnement correspond aux attentes du marché des congrès. Je rappelle une nouvelle fois que 88 % des événements congrès en France rassemblent moins de 800 personnes. Une jauge à 2 000, comme j’ai pu le lire dans la presse avant-hier, c’est refuser de tenir compte des réalités du marché. C’est aussi la garantie d’un équipement déficitaire, alors que tel qu’il est dimensionné dans le projet, il doit nous permettre d’atteindre le « petit équilibre » (dépenses d’exploitation = recettes d’exploitation) sur la partie affaires.

Ou alors, accepte-t-on de construire un équipement surdimensionné, qui sera pleinement utilisé pendant cinq à dix  jours dans l’année uniquement ? Que l’on ne vienne pas, après, nous donner des leçons de bonne gestion !!! Quel aveuglement de la part de celles et ceux qui continuent à réclamer – sans aucun fondement – mais uniquement sur une impression une jauge à 2000. Pourquoi pas 3000 ?

On nous a aussi parlé de la concurrence avec Saint-Malo. Là, aussi, deux choses.

La première, c’est que – comme l’explique le cabinet Ract-Madoux – « la complémentarité ou différence avec les villes et stations congrès de bord de mer est très identifiée : Saint Malo d’abord, puis La Baule, Deauville, La Rochelle, Biarritz et l’ensemble du littoral méditerranéen, sont un autre produit, choisi pour des raisons particulières. »

Deuxième chose. Le propre des congrès, c’est également qu’ils alternent d’une ville à l’autre, ce qui fait qu’il est inexact de dire que Rennes captera la clientèle malouine. Le Palais du Grand Large n’a donc rien à craindre du Centre de Congrès de Rennes, qui ne fera que renforcer le positionnement de l’axe Rennes-Saint-Malo.

Soulignons tout l’intérêt que nous trouvons déjà avec une association comme Haute-Bretagne Evènements qui permet à Saint-Malo et Rennes et aux différents professionnels du département  de travailler ensemble au développement de la filière « affaires ». Pour l’année 2008, Haute-Bretagne Evénements a ainsi réceptionné 124 demandes, qui ont été diffusées auprès des 41 membres du club. Ces 124 demandes ont concerté au total près de 22 000 participants pour 182 jours de présence en Ille-et-Vilaine.

L’avenir – sur ce sujet – comme bien d’autres est à la coopération et à la recherche de synergies. Saint-Etienne et Roanne  (une heure de route entre ces deux villes) travaillent en complémentarité. Pourquoi pas Rennes et Saint-Malo ?

Par rapport à l’implantation, là aussi, les arguments sont nombreux.

Certains imaginent d’autres sites, comme l’ancienne usine ST du Blosne. Je ne reviendrai pas sur l’idée émise par certains élus de transformer la prison des femmes en Centre de Congrès. Retenir cette solution c’est  en réalité ne pas vouloir à brève échéance d’un centre des congrès.  C’est enterré le projet !  Il faut  avoir l’honnêteté de le dire !

J’ai également entendu, notamment de la bouche de Caroline Ollivro, que c’était un projet renno-rennais, et que – comme le métro ne va pas au-delà de la rocade – il n’avait pas à avoir l’importance métropolitaine qu’on souhaite lui donner. Comment expliquer alors que le projet de Centre de Congrès figure dans le contrat de projets Etat-Région ?

Ce projet concerne l’ensemble de l’agglomération, il relève de Rennes Métropole – dont il est un outil de la politique en faveur du rayonnement et de l’emploi – et il intéresse l’Ille-et-Vilaine et la Bretagne, territoires sur lesquels il aura un impact notable

Je voudrais terminer mon intervention en évoquant les conséquences qu’aura le Centre de Congrès sur le parc hôtelier de l’agglomération. Conséquences en terme de retombées économiques (je vous rapporte aux chiffres que je citais tout à l’heure), mais aussi au niveau de l’offre hôtelière, qui sera nécessairement enrichie, particulièrement sur le haut de gamme (*** et ****). Des projets existent dans l’agglomération, et spécialement dans le centre-ville de Rennes : hôtel *** avenue Janvier, transformation du Palais Saint-Georges ou du Site Pasteur en hôtel **** concomitamment à l’ouverture du Centre de Congrès.

A cet égard, un Centre de Congrès joue un rôle de locomotive, et a un effet entraînant sur toute la filière hôtelière. Ce phénomène a été constaté partout ! Lorsque Marseille a décidé de se lancer – il a à peine quinze ans dans le tourisme d’affaires – il en a découlé une modernisation et une extension de son parc hôtelier.

Puisque nous parlons d’hôtellerie, je souhaiterais tordre le coup à une opinion souvent répétée mais finalement très nuisible à notre visibilité extérieure, selon laquelle nous ne disposerions pas d’une infrastructure hôtelière suffisante par rapport à ce que nous faisons aujourd’hui. Ce constat a sans doute été juste il y a quelques années, il ne l’est plus aujourd’hui. C’est plus de 450 chambres qui ont été autorisées entre 2001 et 2006, c’est encore plus de 300 à 350  chambres que nous souhaitons  rajouter d’ici à 2012 / 2013.  A ce jour, nous disposons sur le Pays de Rennes (c’est-à-dire très essentiellement sur Rennes et les communes périphériques) de plus de 4 000 chambres ; ce à quoi, nous devons rajouter les chambres proposées par les résidences hôtelières (quasi-absentes sur le Pays de Rennes en 2000) et qui sont aujourd’hui en forte hausse pour représenter plus de 500 à 700 chambres !

Oui, dans ce domaine nous avons été actifs avec les opérateurs privés, en suscitant ou en orientant les projets. Je ne sais pas si nous pourrons l’être autant demain puisque la Loi de Modernisation de l’Economie prive les élus de leur capacité d’action en matière d’hôtellerie, laissant au seul marché le soin de répondre aux besoins. Dans ce domaine comme dans d’autres, il ne faudrait pas que l’appétit des uns se développe au détriment des autres…

Je n’oublie pas non plus que ce secteur doit relever un défi de taille qui est celui de la mise aux normes de ses établissements !

Cette incise faite, et en conclusion, ce projet de Centre de Congrès est un projet cohérent.

Ce projet fait sens politiquement, dans la mesure où il est le fruit d’une haute ambition pour transformer et faire grandir notre agglomération.

« Aucun possible n’est beau ; le réel seul est beau« . Ces mots du philosophe radical Alain illustrent – avec force – la décision que nous allons prendre ce soir : le rôle du politique est en effet de transformer le possible en réel.

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Un commentaire

  1. Jacqueline Wilmes

    A M. Honoré Puil.
    Après tant de réunions et d’objections balayées sans études. Soyez honnête :
    1/On vient à un Congrès train ou avion, et on ne peut laisser des « étrangers » parcourir Rennes en demandant « où est-ce Palais ? » Ou bien on arrive en voiture de Bretagne et il faut se garer !
    2/COMBIEN ONT COUTE les prétendues « études » de CONSEIL ET STRATEGIE (organisme entre autres, de la nébuleuse Vinci, vivendi etc…) pour préconiser le Palais St-Georges … quelques mois plus tard, Les Jacobins … au prix de diverses démolitions, dont le logis du prieur … donc sans la moindre étude non plus. Heureusement les Monuments Historiques ont sauvé l’essentiel !!
    Accessoirement, pour l’orchestre de Bretagne, on a refait et mis en état le grand amphi du TNB …et faute de congrès, François le Pillouër passe des films. On a refait à grands frais le Liberté … J’arrête.
    Je ne comprends pas enfin : pourquoi la prison des femmes serait mettre les Congrès hors ville ; comment les services d’hygiène peuvent autoriser d’entterer 3 ou 4 étages de salles; POURQUOI IL FAUT DEMOLIR DES IMMEUBLES DERRIERE St AUBIN : une 4ème entrée pour DEUX lignes de métro ?
    DE COMBIEN CES TRAVAUX INUTILES VONT AUGMENTER NOS IMPOTS ???

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