À l’occasion du conseil municipal du 30 juin 2025, Honoré Puil a interpellé le Préfet et le Procureur sur la montée préoccupante du narcotrafic dans les quartiers et son impact direct sur le parc social. En tant qu’élu local et président d’un office public de l’habitat, il a relayé les inquiétudes croissantes des bailleurs sociaux face à l’impuissance des dispositifs actuels et appelé à une mobilisation totale de l’État.
Monsieur le Préfet, Monsieur le Procureur,
Je tiens tout d’abord à vous remercier pour votre présence aujourd’hui devant notre conseil municipal et pour votre volonté d’échanger en toute transparence avec l’ensemble des groupes politiques représentés ici.
Vos réponses seront écoutées avec attention – elles sont attendues !
Je m’adresse à vous à double titre : en tant qu’élu local bien sûr, soucieux comme nous tous de la sécurité de nos concitoyens, mais aussi en tant que président d’un office public de l’habitat. À ce titre, je me fais le porte-voix des préoccupations croissantes des bailleurs sociaux, aujourd’hui en première ligne face au fléau du narcotrafic.
Le trafic de stupéfiants ne se cache plus. Il se montre. Il s’exhibe ! Partout, tous les jours, à toute heure ! Il colonise l’espace public, souvent sous l’œil impuissant des caméras de vidéoprotection. Il mine l’autorité de la République, affaiblit les services publics, compromet les projets de renouvellement urbain, et hypothèque l’avenir de toute une génération.
Dans ce combat contre le narcotrafic, nous avons besoin de l’État. De tout l’État !
Les bailleurs sociaux ne sont pas, par définition, des acteurs de la sécurité publique. Mais ils sont des partenaires engagés. Et, à ce titre, ils ont aujourd’hui le sentiment de buter sur les limites des outils à leur disposition comme sur le manque de moyens structurels pour lutter durablement contre le trafic.
Pourtant, nous savons que des actions coordonnées avec vos services peuvent produire des résultats. Mais elles restent trop ponctuelles, trop temporaires.
Les locataires, eux, s’interrogent : sur l’efficacité des amendes forfaitaires délictuelles, qu’ils jugent dérisoires face aux profits générés par le trafic.
Et surtout, ils ne supportent plus de voir l’espace public accaparé par les dealers – parfois à quelques mètres seulement des caméras.
Monsieur le Préfet, Monsieur le Procureur,
Sur les points de deal, que vos services connaissent parfaitement, le problème n’est plus celui de l’identification, mais bien celui de l’intervention. Nous avons besoin de forces de police plus nombreuses, plus visibles, pour éloigner durablement ces trafics des abords des écoles, des équipements publics, des résidences.
De même, il est impératif de mieux protéger les familles vulnérables, celles que les dealers parviennent à instrumentaliser ou à envahir.
Les procédures de résiliation de bail sont trop longues – même dans les cas de complicités avérées avec des réseaux de stupéfiants.
De plus, il est anormal que la procédure de conciliation préalable à la résiliation expose nos collaborateurs à des individus liés au trafic. Cela met leur sécurité en péril.
C’est pourquoi, au nom des bailleurs sociaux, des élus qui siègent dans ces organismes et des locataires eux-mêmes, je vous propose quelques axes d’un plan d’action global, coordonné, structuré autour des priorités suivantes :
- Identifier et neutraliser les points de deal avant qu’ils ne s’installent durablement.
- Déployer des moyens pérennes, pas seulement ponctuels, pour des actions continues sur le terrain.
- Donner aux bailleurs les outils juridiques et les marges de manœuvre nécessaires pour agir rapidement, sans exposer leurs agents.
- Protéger les équipes et les agences des bailleurs, qui, comme les écoles ou les bibliothèques, sont des remparts contre le décrochage des quartiers.
- Assurer une présence policière statique continue, durable, rassurante.
Enfin, permettez-moi d’insister sur un constat : pendant longtemps, nous avons cru que la rénovation urbaine, l’embellissement des immeubles, l’amélioration de la qualité de vie suffiraient à endiguer le trafic.
Oui, ces efforts ont amélioré le cadre de vie. Oui, ils ont permis de redonner de la dignité à certains quartiers. Mais les trafics, eux, sont restés. Ou sont revenus. Parfois plus forts, plus violents, plus enracinés.
Face à cela, nous ne pouvons pas rester seuls.
C’est pourquoi, Monsieur le Préfet, Monsieur le Procureur, nous avons besoin de votre engagement total, de réponses concrètes, d’un État pleinement mobilisé à nos côtés.
Quels moyens, quelles orientations, quelles réponses la police et la justice peuvent-elles apporter aux préoccupations qui sont les nôtres ?
Je vous remercie.
Honoré PUIL
Président Groupe Radical