Lors du conseil municipal, Honoré Puil a souligné l’urgence de la crise du logement en Europe et appelé l’Union européenne à faire de cette problématique une priorité absolue. Il a plaidé pour une action immédiate avant les élections européennes, mettant en lumière les conséquences dévastatrices sur les citoyens. Honoré Puil a également soutenu fermement une déclaration conjointe de plusieurs représentants de villes européennes, de la fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abris, de la fédération Housing In Europe qui rassemble les acteurs publics et coopératifs en Europe, les membres de l’Intergroupe « environnement urbain » du Parlement européen, appelant les institutions européennes à placer l’accès à un logement abordable au cœur de leurs priorités pour le prochain mandat du Parlement et de la Commission européenne.
Madame la Maire, Mes cher(e)s collègues,
Du 6 au 9 juin 2024, 360 millions d’européens et d’européennes sont appelé(e)s à voter pour choisir leurs représentant(e)s au parlement européen.
Dans un sondage récent, sur les préoccupations des habitants du vieux continent, 68 % veulent une Union Européenne qui s’attaque à la hausse des prix en général et à celle du logement en particulier.
Le logement est en crise un peu partout dans l’Union. Il souffre d’une financiarisation à outrance, de la spéculation et du manque d’investissement public. Dans les grandes villes, de nombreuses villes moyennes, les prix de l’immobilier ont atteint des niveaux trop élevés, ce qui rend l’acquisition de la propriété hors de portée pour de nombreux foyers et pousse les locataires à payer des loyers insupportables. La crise touche particulièrement les jeunes, les travailleurs précaires, les familles à faibles revenus mais aussi les catégories moyennes de la population. Le sans-abrisme explose à l’échelle de l’Union.
Les symptômes de la crise sont partout les mêmes : chute des mises en chantier, faible production à venir de logement sociaux (particulièrement net s’agissant de la France avec seulement 85 000 agréments soit le plus bas niveau depuis 40 ans alors que les demandeurs sont de plus en plus nombreux), effondrement des dépôts de permis de construire, marché privé devenu financièrement inaccessible pour beaucoup d’européens.
Le chancelier allemand Olaf Scholz avait fait du logement une grande cause de son mandat. Il a reconnu récemment son échec sur cette politique sectorielle (+ 40 % pour les loyers à Berlin). Le gouvernement Luxembourgeois pourtant peu enclin à intervenir traditionnellement dans l’économie a décidé récemment de mesures visant à stimuler l’offre mais s’est interrogé sur le rôle du foncier et le fait que 0,5 % des luxembourgeois possèdent 50 % terres constructibles et font grimper les prix…Le manque de logements abordables est criant à Dublin ; le sans-abrisme frappe fort au Portugal en relation avec l’augmentation des meublés de tourisme ; au Pays-Bas, l’impossibilité de trouver un logement abordable explique la victoire de l’extrême-droite aux dernières élections…La liste pourrait être longue !
L’augmentation du prix du logement est le principal responsable de la baisse du pouvoir d’achat des ménages européens et vient alimenter toutes les frustrations.
Faut-il s’en contenter ? Non ! Il n’est pas encore trop tard pour faire du logement une grande cause européenne. C’est pourquoi, je tiens à saluer et soutenir pleinement la déclaration conjointe de plusieurs représentants de villes européennes, de la fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abris, de la fédération Housing In Europe qui rassemble les acteurs publics et coopératifs en Europe, les membres de l’Intergroupe « environnement urbain » du Parlement européen qui se mobilisent sur cette question. Cette déclaration appelle, avec justesse, les institutions européennes à placer l’accès à un logement adéquat et abordable au cœur de leurs priorités pour le prochain mandat du Parlement européen et de la Commission européenne.
Que dit, en substance cet appel pour une ambition européenne renouvelée en matière de logement ?
Que la crise du logement ne se limite pas à une question de toit. Elle entrave également les progrès sur plusieurs fronts politiques essentiels pour notre continent : l’emploi, l’inclusion sociale et la démocratie. Considérons d’abord l’emploi. Comment pouvons-nous aspirer à une reprise économique durable lorsque nos travailleurs essentiels, ceux qui veillent sur notre santé, éduquent nos enfants et assurent le bon fonctionnement de nos services publics, luttent pour trouver un logement à proximité de leur lieu de travail ? Le manque de logements abordables entrave leur mobilité professionnelle et constitue un frein majeur à l’atteinte du plein emploi.
Par la suite, l’inclusion sociale. Le logement va bien au-delà d’un simple refuge. Il constitue le fondement de la dignité humaine. Malheureusement, de nombreux résidents de nos villes sont exclus en raison des prix élevés du logement. Les personnes les plus démunies d’entre nous sont souvent reléguées à la périphérie, voire confrontées au sans-abri. Cela met en péril la solidarité sociale et met en péril notre vision d’une Europe équitable et solidaire.
Enfin, la démocratie. Le droit à un logement digne et abordable est un droit essentiel, un élément fondamental de notre société démocratique européenne. Pour y parvenir, l’Union européenne doit réguler l’intervention des investisseurs privés dans le logement mais aussi réglementer le marché du logement et soutenir les investissements dans le logement social et la rénovation énergétique du bâti européen.
En conclusion, il est essentiel que les diverses listes se présentant aux suffrages placent l’enjeu du logement en tête de leurs préoccupations et s’approprient des sujets aussi divers que la maîtrise foncière, la régulation des prix, la lutte contre les logements vacants ou le sans-abrisme. C’est le sens de cet appel !
Je vous remercie.
Honoré PUIL
Président du groupe Parti Radical