Le Conseil municipal a approuvé, le 4 octobre, la cessation d’activité du Village Vacances de Lamoura. Comprenant, mais regrettant cette décision, Honoré Puil a exprimé le souhait de développer les actions entreprises par la Ville de Rennes et Rennes Métropole en matière de tourisme social.
Monsieur le Maire,
Chers collègues,
La décision que nous allons prendre ce soir n’est pas anodine. Comme l’a rappelé notre collègue François André avec justesse, il y a une longue histoire commune entre la Ville de Rennes et le village de Lamoura.
Ce lien fort a permis à des milliers de Rennais de partir en vacances, remplissant alors un rôle social précieux.
François André a clairement exposé les raisons qui aboutissent à la décision de ce soir, et en l’occurrence, nous ne devons pas nous dérober à nos responsabilités. Il nous revient maintenant d’envisager la suite : non seulement pour les agents actuellement en poste au village vacances de Lamoura, mais aussi en matière de tourisme social. Qu’allons-nous faire pour les Rennais qui ne peuvent pas partir en vacances ?
Effectivement, cette forme de loisirs et de vacance est devenue moins attractive. Un rapport du Conseil économique et social, paru en 2006, l’annonçait déjà : “Aujourd’hui, le tourisme associatif en milieu rural est en crise : crise d’identité, crise de financement et crise de reconnaissance. Il se trouve écartelé entre sa vocation sociale, qui suppose une adaptation aux évolutions des attentes de la population, et ses exigences de productivité économique qui le confrontent au secteur concurrentiel.“
Cela dit, même si, en matière de vacances et de loisirs, les attentes et les exigences – notamment de confort – ont évolué, les besoins sont toujours aussi importants.
J’ai sous les yeux une récente étude, publiée par l’Observatoire des Inégalités, au sujet des “inégalités face aux vacances”. Si 80 % des cadres supérieurs partent en congés, cela ne concerne que 40 % des ouvriers. Chaque année, en France, une vingtaine de millions de personnes ne partent pas en vacances.
La moitié des personnes qui ne sont pas parties sont restées chez elles car elles n’avaient pas les moyens financiers de faire autrement. Il faut dire qu’une semaine de location équivaut souvent à un demi-smic…
Pire : l’Observatoire constate que ces inégalités se creusent. Alors que le taux de départ pour les cadres est resté stable à 80 % entre 1998 et 2009, il est passé sur la même période de 46 à 32 % chez les familles modestes.
Enfin, partir est une chose, mais les vrais privilégiés sont ceux qui peuvent le faire plusieurs fois par an. C’est le cas pour 22 % de la population. Les cadres sont 43 % à être dans ce cas, mais les ouvriers quatre fois moins nombreux.
Les collectivités locales ne doivent donc pas renoncer au tourisme social. Il nous appartient d’inventer de nouvelles formes de soutien et d’actions.
Nous allons devoir prochainement réécrire notre convention d’objectifs et de moyens avec l’OTSI de Rennes Métropole. Nous avons su impulser une politique en faveur du tourisme d’affaires et d’agrément. Nous devons maintenant le faire pour le tourisme social.