Lors de la séance du Conseil municipal du 4 mai, Honoré Puil est revenu sur l’ouverture, le dimanche matin, du supermarché de la rue de Brest.
La présente délibération est en effet l’occasion de revenir sur l’ouverture, le dimanche matin, de l’enseigne U située rue de Brest.
Dans ce dossier, quelle est la réalité ? Nous avons un supermarché qui décide de s’emparer du tout nouveau concept du groupe auquel il appartient pour se ranger dans la catégorie des magasins de proximité et en profiter pour ouvrir le dimanche.
Signalons que le groupe U développe une enseigne de proximité sur un concept qui fait au maximum 800 m2, ce qui n’est pas le cas du supermarché de la rue de Brest qui fait 1080 m2, en terme de surface exploitée, et même 1200 m2 répertoriés à l’inventaire de l’urbanisme commercial.
Je rappelle également que les deux autres principales enseignes du centre-ville ouvertes le dimanche que sont Leader Price, boulevard de la Liberté et U Express, place Hoche, font respectivement 650 et 641 m2 : il y a donc un décalage entre ce qui existe déjà (et qui relève de la catégorie supérette), et les prétentions du supermarché de la rue de Brest.
L’exploitant a sans doute été contraint de prendre cette mesure pour des raisons tenant à l’insuffisante rentabilité du site actuel. Pour autant, il indique que la surface de vente alimentaire seule s’élève à 850 m2, en enlevant les rayons presse et Française des Jeux. Mais c’est oublier que ces surfaces ne sont pas détachables du reste, et font partie de l’ensemble commercial, tout comme le U Express de la place Hoche dispose d’un rayon presse / librairie…
Cette décision est contraire aux orientations du protocole d’accord que nous venons de signer début avril entre les principales grandes surfaces de l’agglomération rennaise, l’Union du Commerce, la Chambre de Commerce et d’Industrie, le Carré Rennais et (pour le moment) deux organisations de salariés (Force Ouvrière et la CFE-CGC) qui autorise l’ouverture des supermarchés et hypermarchés deux jours fériés (à savoir le 8 mai, le 21 mai, ou le 11 novembre) et un dimanche en 2009.
Ces discussions interviennent en application du principe directeur de la Charte d’urbanisme commercial qui comporte un volet social dont le deuxième point est la régulation de l’ouverture des commerces les dimanches et jours fériés.
S’agissant des jours fériés, je veux souligner que nous nous situons sur le terrain du partenariat, de la signature. Aussi est-il bien évident que si l’un des signataires décide de s’affranchir de celui-ci, on ne voit pas pourquoi les autres resteraient l’arme au pied ?
Voilà pourquoi nous continuons à demander à l’exploitant de ce commerce de bien vouloir se conformer à la signature de l’organisation à laquelle il appartient.
Pour le reste, la question de l’ouverture des commerces le dimanche ne doit pas être abordée à la légère. Accepter la généralisation de l’ouverture des commerces le dimanche reviendrait à prôner un modèle de société où les temps de la ville, imposés par quelques acteurs économiques, iraient à l’encontre du vivre ensemble. On commence par vouloir ouvrir les magasins le dimanche, et on finit par exiger une ville ouverte et marchande 24 heures sur 24, et 7 jours sur 7.
Ces ouvertures causent problème également, car elles mettent en danger l’équilibre qui existe actuellement entre les grandes surfaces et le petit commerce de proximité. En l’état actuel de la législation et de la réglementation, les possibilités d’ouvertures sont largement suffisantes, à la faveur de ce petit commerce.
Inutile d’en rajouter, comme l’envisagent le ministre du travail et le gouvernement, pour des raisons purement idéologiques, évoquées un autre temps, avant la crise qui frappe notre économie.
Je rajouterais que l’enjeu, aujourd’hui, est déjà de fournir du travail pendant la semaine à l’ensemble de nos concitoyens, avant d’imaginer de les faire travailler le dimanche !
Cette ouverture est tout simplement inadmissible et ne peut que pousser les autres commerces de même type qu’à surenchérir. D’ailleurs, le supermarché “Carrefour Market” de Bourg l’Evèque annonce lui aussi son intention d’ouvrir le dimanche matin pour contrer l’hyper U de la rue de Brest : jusqu’où s’arrêtera cette inflation d’ouvertures le dimanche et ces ouvertures se cantonneront-elles seulement aux grandes surfaces ? Par ailleurs, les petits commerces ne peuvent pas lutter face à cette tendance car ils n’ont pas toujours les moyens de payer la majoration du dimanche à leurs employés ou ils n’ont pas suffisamment d’employés pour se le permettre. Dans cette course effrénée, seuls les gros s’en sortiront au détriment de la vie privée de leurs salariés et des petits commerces.
Quant à la question pratique de l’ouverture du dimanche, elle n’est qu’un leurre. Une semaine normale compte 7 jours dont 1 non ouvré. les ouvertures ayant lieu entre 10h00 et 20h00 sans interruption, cela laisse 70 heures dans la semaine pour faire ses achats, ce qui est amplement suffisant pour des salariés travaillant 35h00 par semaine ou même pour des indépendants qui peuvent s’organiser facilement.
Ouvrez un magasin 24h/24h, 7j/7j et il y aura toujours un gugusse décervelé pour faire ses courses à 3h47 un dimanche matin. Le nombre de neurones à mobiliser pour s’organiser afin de faire ses courses en semaine et durant des horaires normaux n’est quand même pas si exigeant que cela !
Lorsque le travail du dimanche sera généralisé à tous les commerces, il y a fort à parier que la majoration du dimanche disparaîtra et dès lors, on pourra pertinemment se poser la question de l’ouverture des administrations le dimanche.