Lors de son intervention, Honoré Puil a exprimé vivement ses préoccupations face à la situation politique actuelle, soulignant la fragilité de la majorité et le manque de consensus entre les partis. Il a comparé Michel Barnier à un président du Conseil des anciennes Républiques, forcé de convaincre sans majorité stable, tout en dénonçant l’absence d’esprit de compromis entre les formations politiques. Honoré Puil a également évoqué le projet de prélèvement de cinq milliards d’euros sur les collectivités locales, qu’il juge injustifié et sans concertation. Il plaide pour une réforme institutionnelle, favorisant un Parlement plus fort et un rééquilibrage des pouvoirs, dans le respect des valeurs républicaines et de la justice sociale.
Madame la Maire, Cher(e)s collègues,
Michel Barnier, le Premier ministre, est aujourd’hui dans la position d’un président du conseil de la troisième ou la Quatrième République dont la mission était, pour ne pas tomber, de convaincre le Parlement. Les Radicaux, les socialistes, les démocrates-chrétiens, les libéraux, les communistes ont été historiquement rompus à l’exercice parlementaire.
Cependant, pour que cela fonctionne encore, faut-il que les partis politiques, comme l’écrivait Raymond Aron déjà en 1952, « ne finissent par s’attribuer tant d’importance qu’ils jugent la majorité des problèmes en fonction de leurs intérêts propres et qu’ils poussent leurs conflits trop loin » (1952). L’esprit de faction ne doit pas prendre le pas sur l’esprit de compromis.
La famille radicale a le sentiment aujourd’hui que chacun reste dans son couloir de nage alors qu’aucune formation politique n’est en mesure de s’imposer seule, et ce, pour au moins plusieurs mois. Le tout donne un spectacle assez baroque. Ceux qui ont le moins perdu expliquent qu’ils peuvent gouverner sans majorité, quant à ceux qui ont franchement perdu parce que rejetés, ils expliquent maintenant comment il aurait fallu faire !
L’Assemblée nationale devrait au contraire se saisir de ce moment, historique depuis 1958, pour démontrer enfin son utilité et enrichir dans un esprit de responsabilité les textes et mesures proposées. Comment convaincre les citoyens et citoyennes d’avancer vers, par exemple, une VIe République donnant une place plus grande au parlement et rééquilibrant les pouvoirs s’ils n’ont devant eux qu’un médiocre spectacle dont le scénario est écrit à l’avance ?
Le compromis n’est pas la compromission ! Georges Clémenceau disait que la république devait rester une idée neuve, mais comment convaincre lorsque la culture de coalition n’existe pas ou lorsque certains ne pensent qu’au scrutin présidentiel ?
Le dogmatisme n’est pas la boussole des Radicaux. Les parlementaires devraient tous accepter de débattre de propositions nouvelles et pourquoi pas les soutenir quand elles portent des valeurs de progrès social, de solidarité et de justice sociale et tant qu’elles ne remettent pas, bien évidemment, en cause les grands principes républicains ! Cela impose d’agir différemment y compris pour les commentateurs de la vie politique que sont, par exemple, les journalistes.
Il faut apprendre à accepter que des ministres se contredisent, que des amendements adoptés au parlement soient le résultat de coalitions très différentes…Sans pour autant parler de couacs ! C’est donc à un tout autre état d’esprit qu’il faut s’habituer celui-là même qui est déjà si présent dans les autres grandes démocraties européennes sans que cela ne soit un drame !
Le projet de budget de la France pour 2025 porte des augmentations de la fiscalité sur les plus riches (sociétés ou ménages) qu’il faut accepter et pourquoi pas améliorer. Comment dire non à cela ?
À l’inverse, il faut une mobilisation sans borne pour dire non au prélèvement qui s’annonce sur les collectivités locales qui ne sont responsables en rien de la dette abyssale de l’État et sur laquelle visiblement toute la vérité n’a pas été dite.
Pourquoi le citoyen rennais et métropolitain devrait-il payer directement ou indirectement pour l’État si piètre gestionnaire ? Une contribution – en clair un prélèvement de cinq milliards – sur le budget des collectivités locales et sans aucune concertation ce n’est pas acceptable ! Cette ponction supplémentaire vient encore amoindrir l’autonomie des collectivités locales. Et puis il y a tout de même aussi une question de calendrier. Beaucoup de villes et d’intercommunalités sont déjà très engagées sur le plan politique et technique dans la préparation de leurs budgets respectifs ? Cela signifie donc qu’il va falloir recommencer ?
L’économiste Frédéric Bastiat écrivait que « L’état, c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ». Peut-être ! Mais cela ne doit pas conduire à des injustices telles qu’elles finiront par remettre en cause notre pacte républicain déjà passablement écorné.
Je vous remercie.
Honoré PUIL
Président du Groupe Parti Radical