Conseil municipal du 24 juin 2024 : Honoré Puil met en garde contre la montée du Rassemblement National et réaffirme les valeurs républicaines

Lors du Conseil Municipal du 24 juin 2024, Honoré Puil a exprimé ses préoccupations concernant la dissolution de l’Assemblée nationale et la montée du Rassemblement National (RN). Il a souligné que Rennes a su freiner cette progression grâce à une gestion efficace des défis locaux et à une coopération entre les forces républicaines. Honoré Puil a rappelé l’importance des valeurs républicaines et le rôle historique des Radicaux dans la défense de ces principes.

 

Madame la Maire, Mes chers collègues,

 

Pour ma famille politique, comme pour beaucoup de rennais et de rennaises, l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, par le président de la République, a constitué un choc.

Nous aurions pu – et alors même que les résultats des élections européennes à l’échelle de l’Union maintenaient les positions politiques favorables à la construction européenne – passer à autre chose. Les Rennais y étaient prêts lorsqu’ils se sont mobilisés en masse pour assister, par exemple, au passage de la flamme olympique !

Aujourd’hui, l’inquiétude règne tant l’agenda politique qui est devant nous est incertain.

Le succès du Rassemblement National est-il une surprise ? Pas vraiment, sauf pour ceux qui refusaient de constater sa progression régulière mais implacable depuis les élections européennes de 1984.

Jérôme Fourquet dans son ouvrage « L’archipel français » sous-titré « naissance d’une nation multiple et divisée » a très bien décrit et anticipé des choses. La fragmentation territoriale métropole/ruralité (dans les votes) saute aux yeux, l’instauration d’une société multiculturelle angoisse des millions de nos concitoyens, la haine des élites se développe, chaque groupe social ignore l’autre quand il n’en vient pas à le haïr, les forces politiques démocratiques ne parviennent plus à faire prévaloir l’intérêt général.

Au fond, nous vivons la fin du modèle catho-républicain fondé sur une nation une et indivisible pour avancer justement vers  la « nation multiple et divisée ». La nostalgie de la France des villages et des clochers – au fond de la France d’avant – explique la montée du Rassemblement national si l’on rajoute à cela, bien évidemment, des difficultés non-résolues pour des millions de nos concitoyens et concitoyennes.

La brutalité du débat politique de la part de certaines forces politiques, le retour du racisme, de l’antisémitisme, la haine des groupes sociaux entre eux sont l’illustration parfaite de cette division, désormais très profonde. L’incapacité totale de nombreux politiques, de tous bords, à prendre en compte le temps long au profit de l’immédiateté et de la communication aggrave encore la situation.

Comment, par exemple, faire croire que l’on résoudra le sujet des déserts médicaux en quelques semaines alors que nous savons tous que cela ne sera possible qu’avant 2030 au mieux ? Comment faire croire que l’on maintiendra partout dans le pays notre réseau des pharmacies alors que le nombre d’étudiants inscrits dans cette spécialité à l’université s’effondre ? Comment ne pas voir que certains métiers essentiels sont totalement délaissés quand bien même des mesures de revalorisation ont été prises ? Comment oublié à ce point que la France n’est pas une île et qu’il lui faut tenir compte de la réalité du monde et de sa violence ? Nous ne sommes ni à l’abri du vieillissement de notre population, ni du réchauffement climatique, ni de la guerre, ni des enjeux budgétaires !

 

Dans notre ville, la progression du Rassemblement National, sur le temps long reste contenue.  En 1989, les élections municipales, acquises dès le 1^er tour à la coalition PS-PC-Radicaux de Gauche- Union démocratique Bretonne, avaient vu l’élection d’un conseiller municipal Front National avec 3 306 voix….35 ans plus tard ce parti politique enregistre 6 717 voix lors du dernier scrutin européen très en-deçà de ses résultats nationaux ! Nous devons y voir le résultat de notre capacité collective à prendre en compte et sur de nombreux sujets le temps long, les évolutions démographiques et sociologiques de notre commune sans oublier les préoccupations immédiates. C’est aussi très certainement la capacité des forces républicaines, de ce conseil, à dialoguer et à rechercher des solutions qui nous préserve du pire ! C’est cet esprit qu’il faudra conserver, aussi, lors de la préparation du scrutin municipal en rejetant toute tentation de discussions avec les représentants de forces extrémistes de droite pour les uns ou de gauche pour les autres !

 

Les Radicaux depuis 1901 – dans toute leur diversité et la pluralité de leur organisation partisane – ont contribué à installer la forme républicaine de l’État, ils ont su répondre aux appels successifs de l’histoire en 1924, 1936, 1981, 1997, 2002…pour mettre en place de grandes avancées économiques et sociales ou lutter contre tous les extrémismes. Mais tout au long de leur histoire, ils ont su aussi rappeler trois choses : d’abord que le réel se rappelle toujours à vous, que toutes les libertés méritent protection et qu’il ne faut jamais transiger sur les valeurs de la république. Pierre Mendes-France disait aussi que la démocratie était un code moral !

 

Dans le moment historique que s’apprête à connaître notre pays et notre ville dans les prochains jours, je souhaite que le lundi 8 juillet soit démocrate, républicain, garant de la justice sociale et de la paix civile afin que nous puissions continuer à vivre dans un pays attaché aux valeurs de laïcité, de solidarité, de progrès et d’ordre républicain.

 

Je vous remercie.

 

Honoré PUIL

Président du Groupe Parti Radical